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Aux petits oignons pour le marché

Dans le Vully, ceux qui tressent des chaînes d’oignons pour le Zibelemärit, le quatrième lundi de novembre à Berne, se font de plus en plus rares. Une tradition familiale que perpétue avec passion Anne-Loyse Gioria. Rencontre à quelques jours de la fête.

Anne-Loyse et Roland Gioria, dans le cabanon-atelier qu’ils ont aménagé dans leur jardin à Salavaux.Photos Pierre Köstinger

Pierre  Köstinger

Pierre Köstinger

24 novembre 2022 à 01:00

C’est une tradition qui devient rare au Vully, mais qui n’a pas encore disparu: l’art de tresser des chaînes pour la Foire aux oignons de Berne, le Zibelemärit en dialecte. Le quatrième lundi de novembre, chaque année, tôt le matin, les habitués du Vully et du Seeland font route vers la capitale fédérale avec leur cargaison d’oignons, suivant une tradition qui remonterait au Moyen Age (lire ci-contre).

Ce lundi 28 novembre, dans les ruelles de Berne où flotteront des odeurs de tarte à l’oignon et de vin chaud, Anne-Loyse Gioria et son mari Roland seront au rendez-vous sur l’emplacement qu’occupe sa famille depuis des décennies à la Waizenhausplatz. Un rendez-vous que l’habitante de Salavaux n’a pas raté depuis ses 10 ou 12 ans.

300 kilos d’oignons tressés

«La seule fois où j’ai manqué, c’était en 2020, lorsque le marché a été annulé à cause de la pandémie», se souvient cette Vulliéraine à la fibre créative, elle qui s’est mise à la peinture il y a quelques années. Le Zibelemärit occupe une bonne partie de son temps libre dès le début du mois de novembre, dans une cabane de jardin qu’elle a spécialement aménagée pour ces travaux.

Anne-Loyse commence par tresser les chaînes d’oignons comme le faisait sa mère, Marguerite Vincent-Biolley, malheureusement décédée en 2020. Si cette dernière a vécu la plus grande partie de sa vie à Vallamand-Dessus, elle a grandi du côté fribourgeois, dans la commune qui s’appelait alors Bas-Vully, où la tradition des chaînes d’oignons était vivace. Pour tresser une chaîne, il faut d’abord trouver des oignons à la forme aplatie. Il s’agit ensuite de les trier, d’enlever la première pelure, de regarder la grandeur, la qualité. «On devient perfectionniste avec le temps», sourit-elle. Puis, autour de joncs solides trouvés au bord du lac de Morat, elle serre les oignons à l’aide d’une ficelle, avant d’ajouter un bouquet de fleurs séchées qu’elle cultive dans son jardin.

Chaque année, elle tresse ainsi environ 300 kilos d’oignons. A l’approche de cette fameuse journée, elle réalise aussi des décorations à l’aide d’oignons, comme ces réveille-matin, ces coccinelles ou ces petits personnages pour lesquels elle confectionne elle-même les habits. Ces décorations se vendent bien, dit-elle, même si aujourd’hui, les badauds se contentent de plus en plus souvent d’un cliché pris sur l’étal.

Le jour J, Anne-Loyse et Roland sont sur place à 2 h du matin, les premiers clients venant entre 4 h et 5 h. «Souvent, des patrons viennent acheter des tresses d’oignons pour leurs employés», observe-t-elle, racontant qu’il règne une belle ambiance. «Cela se termine dans l’après-midi avec la bataille de confettis.»

Elle qui aime confectionner des chaînes, constate que l’art de tresser des oignons se perd dans le Vully. «Il y a de moins en moins de personnes qui savent le faire. D’où l’importance pour moi de perpétuer cette jolie tradition», dit-elle.

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