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Bonne terre aux souliers


PHC

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1 décembre 2022 à 01:00

«Les gens n’ont bientôt plus de terre aux souliers et perdent petit à petit leurs racines. Dans le temps, nous avions tous un oncle ou un père agriculteur», tonne Jean-Claude Hurni au détour de la conversation. Le vigneron, chanteur et homéopathe a laissé place à l’écrivain le temps de publier un livre au titre évocateur, Ma terre aux souliers.

L’auteur n’est jamais loin de la révolte, de la tendresse aussi. Deux éléments incontournables du personnage qui caractérisent évidemment cet opus rassemblant coups de cœur et coups de gueule. La première partie raconte des histoires issues de la mémoire collective que l’auteur souhaitait coucher sur le papier. «Nos vies de village meurent et leur mémoire avec. J’ai sélectionné des récits glanés çà et là montrant la dureté passée du travail de paysan et la bonne ambiance qui prédominait malgré tout.»

Les anecdotes rassemblées sont tendres et drôles, parfois poignantes. Elles raviront le lecteur par leur simplicité et leur morale teintée de sagesse paysanne. Jean-Claude Hurni avoue un brin de nostalgie envers nos campagnes d’antan et distille sa colère sur l’évolution démographique qui transforme nos paysages, nos vies. «Deux mondes se regardent, les paysans qui ont perdu leur liberté d’entrepreneur à force de contraintes politiques et les nouveaux arrivants dont certains refusent de se connecter à la nature. Cet antagonisme m’attriste, nous devons renouer le dialogue.»

«Quand j’étais gamin»

Les souvenirs d’enfance s’égrènent, ponctués d’un «quand j’étais gamin» placé à chaque début d’histoire. Le vigneron reprend vite le dessus: «Aujourd’hui, nous faisons un vin gastronomique, mais où sont passés le vin à partager et la convivialité qui l’accompagnait?» La deuxième partie du livre recueille justement les réflexions de l’auteur sur l’évolution de notre société, la mort des petites enseignes ou le manque de solidarité, entre autres.

«J’ai repris des textes écrits par mes soins au coup par coup et qui sont encore d’actualité.» Les grandes surfaces y sont vilipendées. «Le commerce est devenu insensé, la bénichon touche Noël et ce dernier à peine passé, nous voilà arrivés à Pâques. Tout est à présent un produit à vendre.»

Critique acerbe de notre mode de vie, certes, mais Jean-Claude Hurni a des idées pour renouer le dialogue, développer une autre relation avec la nourriture, fruit de la terre. Au lecteur de se les approprier et d’en faire bon usage, avant que le taulier ne se fâche pour de bon ou ne parte d’un éclat de rire dont lui seul a le secret.

Ma terre aux souliers, de Jean-Claude Hurni, jean-claude@chenevieres.ch ou 079 578 77 25.

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