Logo

Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

31 mars 2022 à 02:00

Il y a des choses qui ne se font pas.

Je viens de lire, dans mon quotidien préféré, une remarque ironique sur les politiciens qui, chez nous, affrontent les vrais problèmes avec pragmatisme, «en faisant craquer un bricelet».

Le sujet de la chronique portait sur tout le mal que nous devrions penser des élus, qui traînent la réputation de bien connaître leurs dossiers… Mais là n’est pas l’objet de mon propos. S’il y a des choses qui ne se font pas, c’est bien de mêler le bricelet au débat politique. Pas ainsi.

Celui qui, pour imager son argumentation, prétend que le bricelet vaudois craque, frise le crime de lèse-majesté. S’il avait goûté une fois aux bricelets ciselés par ma cousine Mireille, il saurait qu’ils ne craquent pas. Le zwieback craque, d’accord, mais pas le bricelet. Friable à souhait, il se fond entre la langue et le palais, dans un langoureux abandon restituant ses senteurs crémeuses et un subtil parfum citronné. Nous, on craque. Pas lui.

Il est permis de rallumer la querelle des Anciens et des Modernes sur la domination du bricelet salé ou sucré, sur la recette avec ou sans œufs, mais ne dites jamais, à l’arrivée, que le vainqueur craque. Ou alors expatriez-vous en terres de gâteaux secs.

Il fut un temps où le bricelet avait toutes les vertus d’une monnaie d’échange. Dans nos campagnes, on cultivait la sagesse d’en confectionner un cornet pour le régent, en période d’avant les examens scolaires des rejetons. Symbole d’une générosité toute mesurée, on raconte qu’une paroissienne avait cru bon de pousser son ministre des cultes à la gourmandise en ces termes: «Quand on aime, on ne compte pas. Monsieur le pasteur, prenez un treizième bricelet!»

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus