Brandons 2022, l’union sacrée

«D’un fringant trois-mâts voguant de brandons en brandons, on est désormais passés sur le radeau de la méduse», image Sylvain Hostettler, président résilient du Comité des masqués. L’homme aime les métaphores et celle-ci illustre bien dans quelle situation se trouvent les Brandons de Payerne.

On se remémore ce vendredi 28 février 2020: «Tu reçois un coup de fil à 9 h et on te demande d’annuler les brandons alors que tout est prêt pour un 125e qui s’annonçait d’anthologie», rappelle avec émotion Vin-Vin. Un bouillon financier qui ne débordera pas de la marmite grâce à une jolie solidarité, mais faute de carnaval les caisses sont tout de même vides.

«2021, seconde annulation, c’est moins grave car on s’y attendait et nous n’avions pas engagé d’argent», précise le président. Cette année a aussi été marquée par la tentative avortée d’un cortège qui aurait marqué l’histoire sur la base aérienne le 5 septembre. «Nous avions une fenêtre idéale pour faire défiler les chars dans un lieu Covid-compatible. Mais les gens n’ont pas adhéré à cette scène extraordinaire. On a compris que les brandonneurs veulent un carnaval en ville et surtout pas en été. On apprend de nos erreurs», relève Vin-Vin, un genou à terre.

Fort de ces expériences, la famille CDM, unanime, s’est alors attelée à tenter une organisation de vrais brandons du 4 au 7 mars 2022, face à une situation sanitaire qui s’améliore. «Cette fois-ci nous avons une nouvelle fenêtre, mais elle est en imposte, sourit le Payernois. Nous nous sommes approchés des services du conseiller fédéral Alain Berset. Nous sommes en contact une fois par mois pour évaluer la situation», précise le président.

Et le CDM peut d’ores et déjà annoncer de très bonnes nouvelles pour la fin de l’hiver prochain. Le loto des écoles aura lieu le jeudi 3 mars. La soirée costumée du vendredi se tiendra à nouveau à la Halle des fêtes après deux ans d’absence. «Là, nous avons été soufflés par l’engouement des gens. C’est déjà complet avant de lancer les inscriptions. Mais nous avons privilégié les personnes qui n’avaient pas demandé le remboursement en 2020, suite à l’annulation. Ce qui était le cas de 90% des participants. C’est incroyable, même si nous avons dû réduire un poil la voilure à 1000 convives, en fonction des normes sanitaires», relève Vin-Vin, encore étonné par le succès de cette soirée de retrouvailles qui fera du bien et dont la thématique restera dans le noir et or. Les personnes qui n’ont pas pu s’inscrire pourront prendre part à une seconde soirée le samedi 5 mars, dite des filets mignons, avec aussi l’orchestre Newzik.

«Compte tenu de la situation, il est très difficile pour nous de se projeter en mars prochain, mais une autre certitude, c’est que nous allons faire défiler les écoliers. Au pire des cas, la parade des enfants se fera sur le Stade municipal, avec des guggens dans les coins. L’endroit peut être fermé et les participants seront alors soumis au pass Covid, comme pour les soirées», annonce le président.

La plus grande inconnue concerne les brandons en ville et forcément la grande parade dominicale des chars. «Pour l’heure, c’est totalement impossible à réaliser. C’est une fois de plus une fenêtre en imposte, poursuit-il. On fait tout pour que cela puisse se réaliser comme à l’accoutumée, mais nous sommes soumis aux contraintes dictées par la Confédération et avant décembre on ne peut vraiment pas savoir ce qu’il en sera», regrette Sylvain Hostettler.

Les brandons 2022 se préparent ardemment et l’esprit carnavalesque sera bel et bien de retour avec le Journal des Brandons et les vitrines des commerces barbouillées. Autre annonce faite par le président, le retour du chapiteau des Brandons, dans un lieu qui reste encore à définir. Il pourrait faire le lien entre la ville et la Halle des fêtes, comme à l’époque. «Oui, les brandons ont décidé de refaire leur cirque. Le chapiteau a un côté rassembleur et permettra d’offrir une scène magnifique aux guggenmusiks», ajoute le président.

Ces derniers mois, le CDM a dû faire face à de sombres nuages, avec le décès de Patrick Rapin «Clovis», une des pièces maîtresses du comité. «Malgré tous ces malheurs, nous devons aller de l’avant, mais en 2022, il y aura un tout petit supplément d’âme et ces brandons lui seront dédiés. Je pense aussi que ce sera l’édition de l’union sacrée. Comme un retour aux sources après des mois de galère, des retrouvailles avec nos amis brandonneurs et aussi un lien plus fort à marquer avec les tenanciers de bistrots. C’est tout ce que nous espérons», lance Sylvain Hostettler, les bras en croix en regardant en direction de la Berne fédérale.

www.brandonsdepayerne.ch