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Corégone sous pression

On l’appelle palée ou bondelle. Le corégone a été désigné poisson de l’année 2022 par la Fédération suisse de pêche. Roi de l’adaptation, il vit des heures difficiles dans nos lacs.

On compte entre 24 et 26 espèces de corégones en Suisse, dont beaucoup sont endémiques.Photo LDD

Pierre  Köstinger

Pierre Köstinger

13 janvier 2022 à 01:00

La palée et la bondelle sont à nos lacs ce que le chasselas est à nos coteaux. Véritable gagne-pain des pêcheurs professionnels, ces deux espèces appartiennent au genre des corégones. Un poisson d’une redoutable adaptabilité, mais qui connaît en réalité un net déclin dans les lacs de notre pays. Raison pour laquelle il a été nommé poisson de l’année 2022 par la Fédération suisse de pêche (FSP).

«Les corégones sont les ambassadeurs de la diversité des espèces, voire de la biodiversité dans son ensemble», déclare le président de la FSP Roberto Zanetti dans un communiqué. Sur moins de 150 tonnes de poissons prélevées par les pêcheurs professionnels en 2020 dans le lac de Neuchâtel, on comptait environ 68 tonnes de palées et bondelles. Bien loin des bonnes saisons de 2012 et 2013. Les corégones représentaient alors le gros des prises: quelque 300 tonnes sur un total annuel de 350 tonnes!

Pollution de l’eau en cause

«C’est un poisson apprécié des pêcheurs professionnels. Plus gros que la perche, il est aussi plus facile à préparer. Contrairement à la perche, qui ne s’écoule qu’en filets, il peut être vendu entier», précise Manuel Pompini, inspecteur de la pêche du canton de Fribourg. Entre 2017 et 2019, le volume des prises a chuté. On observe un déclin progressif du corégone dans tous les grands lacs de Suisse. Parmi les raisons, l’administrateur de la FSP David Bittner évoque «la détérioration massive de son habitat». «L’oxygène, en particulier, est devenu trop rare dans les zones profondes et sur les secteurs de frai en raison de l’apport excessif d’engrais et de lisier dans de nombreux lacs au cours du siècle dernier», dit-il encore.

Pour Manuel Pompini, les causes de cette baisse sont multiples. Les pêcheurs ont pointé du doigt le cormoran ces dernières années, un oiseau piscivore vorace. «Il joue certainement un rôle, mais n’est pas le seul facteur», nuance l’inspecteur de la pêche. Il précise que deux études sont en cours pour le corégone dans le lac de Neuchâtel. L’une concerne l’impact du cormoran sur les prises aux filets des professionnels, l’autre étudie l’efficacité de l’alevinage.

Comme la truite ou l’omble chevalier, le corégone appartient à la famille des salmonidés et comme eux, il souffre de la hausse des températures. Il se nourrit pour l’essentiel de plancton. Il se démarque par la formidable spécialisation de ses espèces au cours du temps. Certaines se reproduisent à 1,50 mètre sous la surface, contre 250 mètres de fond pour d’autres.

Si l’on pêche de la bondelle et de la palée dans le lac de Neuchâtel, on ne trouve en revanche que de la palée dans le lac de Morat. Cela s’explique par le fait que la bondelle, plus petite, fraie dans des eaux plus profondes que sa cousine. Or le lac de Morat manque d’oxygène en profondeur, car trop pollué.

La féra, poisson disparu

Actuellement, les lacs suisses comptent encore 24 espèces de corégones, précise la FSP. Cela équivaut aux deux tiers du nombre d’espèces existantes par le passé. A l’exemple de la «féra» que l’on pêche dans le Léman. Le nom est restée, mais l’espèce Coregonus fera s’est en réalité éteinte au début du XX

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