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Des chemins de fer et d’amitié

De Porto à Istanbul, Daniel Trolliet et Mohamed Dhyaf ont sillonné l’Europe par le rail. Soit 5500 kilomètres avalés en onze jours. Au fil de ce voyage bercé par le roulis des wagons, des rencontres et des découvertes que les deux amis ne sont pas près d’oublier.

Daniel Trolliet (à gauche) et Mohamed Dhyaf (ici à Genève) ont choisi le rail pour traverser l’Europe d’ouest en est.Photos Daniel Trolliet

Pierre  Köstinger

Pierre Köstinger

22 décembre 2022 à 01:00

«Le train reste un lieu de vie et de rencontres, le temps s’y écoule différemment, on voyage en regardant le paysage défiler par la fenêtre, sans toutes ces tensions que l’on a au volant d’une voiture.» Pas besoin de convaincre Daniel Trolliet de l’intérêt du chemin de fer, lui qui a travaillé aux CFF et qui siège encore au sein de son conseil d’administration. Mais cette fois-ci, avec son ami Mohamed Dhyaf, l’ancien député socialiste a vécu une expérience nouvelle: sillonner les chemins de fer d’Europe onze jours durant, entre fin novembre et début décembre.

De Porto à Istanbul, de la côte Atlantique à la mer de Marmara, les deux Avenchois ont parcouru en tout plus de 5500 kilomètres à travers dix pays, s’arrêtant dans de nombreuses grandes villes: Madrid, Munich, Prague, Vienne, Budapest, Bucarest ou encore Sofia. Pour ce périple, Daniel Trolliet et Mohamed Dhyaf n’ont pas recouru à un voyagiste, mais ont préparé leur voyage eux-mêmes, transitant par toutes sortes de trains, du TGV au convoi ferroviaire plus conventionnel, mais aussi des trains de nuit avec wagons-lits, un funiculaire et des métros. Et l’ambiance changeait selon les trains et les régions. «Dans les vieux trains, l’esprit était plus convivial que dans les trains grande vitesse», a observé Mohamed Dhyaf.

Passeports chocolatés

Les rencontres ont été nombreuses pour les deux amis, comme cette jeune fille turque qui leur offre des billets alors qu’ils se retrouvent soudain en panne de monnaie locale, ou ces échanges merveilleux avec une classe de 35 enfants et leur enseignante, partis d’Avignon pour un séjour linguistique à Munich. «Nous avons rencontré des gens formidables», résume Daniel Trolliet.

L’arme secrète des deux compères? Leur esprit d’ouverture et leur sens du contact sans doute, mais aussi la cargaison de barres de chocolat qu’ils cachaient dans leurs valises. «Une sorte de passeport suisse qui nous a ouvert bien des portes», glisse Daniel Trolliet dans un sourire. Aller à la rencontre des gens était d’ailleurs l’un des buts des deux amis qui se connaissent depuis une vingtaine d’années. Là où Daniel Trolliet est féru d’histoire et de géographie, Mohamed Dhyaf aime la littérature, le cinéma et la philosophie. «On se complète bien», souligne Mohamed Dhyaf qui se souvient des riches explications de son ami devant une fresque de l’Opéra national de Bucarest retraçant l’histoire roumaine.

Dans les villes, les deux Avenchois se déplaçaient le plus souvent à pied. En tout, ils ont marché 110 kilomètres. «Un vrai marathon», reconnaît Mohamed Dhyaf. Ce qui ne les a pas empêchés de découvrir les villes où ils s’arrêtaient et les spécialités locales: la morue au Portugal, la bière à Prague, la goulash à Budapest ou la fameuse soupe roumaine servie dans du pain. Au fil d’un tel périple, les deux amis ne comptent plus les anecdotes. Ils se souviennent ainsi de cet homme rencontré dans cette vieille brasserie de Bucarest. «Il faisait des selfies avec tout le monde, y compris avec nous. Nous pensions qu’il s’agissait d’une star de cinéma, mais c’était en fait un sénateur italien», raconte Mohamed Dhyaf.

Europe en mouvement

Leur concept «par le rail» a certes connu quelques entorses, comme le tronçon Prague-Vienne effectué en bus en raison de la grève des chemins de fer autrichiens, ou le fait d’avoir utilisé l’avion pour rejoindre Porto et repartir d’Istanbul, mais les deux amis reviennent avec une multitude d’images en tête, et songent à remettre ça. Des images belles, contrastées aussi, car voyager de gare en gare, c’est bien plus qu’effeuiller une poignée de cartes postales. Cela revient à se frotter au quotidien des gens, à prendre la mesure de cette Europe en mouvement, ouverte traversée par les migrations. «Depuis Avenches, nous n’avons pas croisé un seul douanier jusqu’en Turquie», souligne Daniel Trolliet.

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