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Des doses acheminées à domicile

Les centres de soins à domicile de Moudon, Payerne et Avenches, avec l’aide de la Protection civile, ont démarré leur campagne de vaccination contre le coronavirus. Un véritable défi logistique pour amener le sérum chez les clients sans interrompre la chaîne du froid.

L’infirmière Géraldine Egger vérifie l’état de santé de la cliente.

Pierre  Köstinger

Pierre Köstinger

25 février 2021 à 01:00

David Danzi retire l’aiguille du bras d’un geste sûr. Membre de la Protection civile vaudoise (PCi-VD), cet électricien de formation avoue n’avoir jamais été très à l’aise avec les aiguilles. Ce qui ne l’empêche pas de vacciner contre le Covid-19 depuis quelques jours, après avoir reçu une formation au CHUV à Lausanne. «Je n’ai aucun problème à le faire. Ce n’est pas comme une prise de sang, on pique simplement le muscle.»

«Vous avez senti quelque chose?» demande-t-il à Iva Dutoit. Vendredi 19 février, cette charmante dame de 96 ans recevait une première dose du vaccin Pfizer directement chez elle à Moudon. «Rien du tout, répond-elle. Vous avez été tout gentil!»

Un mois après les premières vaccinations dans les maisons de retraite broyardes, Iva Dutoit faisait partie des premières personnes à se faire administrer une dose à domicile par le personnel de l’Association broyarde pour la promotion de la santé et le maintien à domicile (Absmad).

Un défi logistique

«Vous serez peut-être un peu fatiguée ces jours, ou vous aurez comme une petite grippe ou un peu mal au bras. C’est normal. Si vous n’êtes toujours pas bien après trois jours, il faut avertir votre médecin ou votre infirmière», explique à la nouvelle vaccinée Géraldine Egger, infirmière du Centre médico-social (CMS) de Moudon, spécialement formée pour la vaccination contre le Covid-19.

Commencée le jeudi 18 février par l’Absmad, cette opération de vaccination à domicile a été mise sur pied en un temps record, en étroite interaction avec l’Association vaudoise d’aide et de soins à domicile (Avasad), dont fait partie l’association broyarde, et la task force du canton de Vaud.

Dans la Broye, sur les 1500 clients de l’Absmad, 65 recevront chacun deux doses de vaccin dans les deux prochains mois. Pour l’heure, il s’agit de personnes faisant partie du groupe prioritaire, souligne Hélène Morgenthaler, directrice de l’Absmad. A savoir des clients de plus de 75 ans, des personnes vulnérables, avec pathologies à risques, et des difficultés à se déplacer. Elle précise que certains clients se sont déplacés eux-mêmes sur les lieux de vaccination, grâce à des proches ou au service Transport à mobilité réduite (TMR).

Pour administrer les doses à domicile, quatre infirmières des CMS de Moudon, Payerne et Avenches ont été formées. Et une cinquième soignante devrait rejoindre l’équipe en renfort. A chaque fois, un membre de la PCi-VD accompagne ces professionnelles de la santé. Sur place, ils ne sont pas trop de deux, car si en lui-même le sérum est plutôt facile à administrer, la logistique reste complexe. Moins stabilisé qu’un vaccin habituel, le Pfizer doit en effet être transporté avec précaution et les doses doivent être maintenues à une température de 2 à 8 degrés.

Pour les binômes vaccinant à domicile, une matinée type commence au bureau de l’Absmad, afin de récupérer la boîte spécialement conçue pour le transport des seringues. «La glace ne doit pas être en contact avec les doses, car il faut éviter que celles-ci ne gèlent», explique David Danzi. Direction ensuite l’Hôpital intercantonal de la Broye à Payerne, où sont préparées les seringues.

Le binôme repart chez les clients avec la précieuse cargaison. Cinq doses seulement peuvent être acheminées et injectées par tournée. Et dans un temps limité. «Après 14 h, ce n’est plus possible», relève Géraldine Egger. Ce matin-là, Iva Dutoit était le cinquième rendez-vous. «Jusqu’à maintenant, tout s’est bien passé», note l’infirmière, précisant que tout est prévu en cas de problème. Les effets secondaires peuvent être les mêmes que pour une vaccination standard, du risque de choc allergique à la douleur musculaire au niveau du point d’injection, en passant par le malaise vagal ou des effets grippaux. Une trousse d’urgence est prévue et les ambulanciers sont avertis lorsque ces tournées ont lieu.

Ces vaccins sont une occasionde se sentir utile

Après quinze minutes de surveillance, Iva Dutoit se porte toujours comme un charme. Ce vaccin ne devrait pas changer ses habitudes, à l’entendre. «Mais j’ai envie de durer encore une année ou deux. Je fais mon dîner, ma petite lessive. Je ne me plains pas de la vieillesse, mais de mes petits-enfants qui ne viennent pas me voir», dit-elle, reconnaissant pouvoir compter sur des enfants de cœur. Pour le «PCiste» David Danzi, ces missions sont une occasion de «se sentir utile». «Il y a un côté humain que je ne retrouve pas dans mon métier.»

Géraldine Egger trouve de son côté «très valorisant» de pouvoir contribuer à protéger ses patients. Un enthousiasme qu’observe aussi Hélène Morgenthaler au sein de son personnel. «Je n’ai pas eu de peine à trouver des volontaires. Il faut dire qu’après une année, les soignants sont fatigués et ces vaccins représentent l’espoir d’une sortie de crise.»

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