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Destination retraite, sans option de retour pour Elisabeth

«Madame Kuoni Payerne», Elisabeth Brulhart boucle ses valises après 45 années à faire voyager les autres. La Staviacoise a passé l’essentiel de sa vie professionnelle chez le même voyagiste. Sa fin de carrière aura été marquée par l’expérience d’un virus voyageur lui aussi.

Dernier jour dans son agence pour cette voyageuse qui se passionne pour le golf et le bridge. Elle a cofondé le club Soroptimist de la Broye il y a 25 ans, chanté et voyagé avec La Villanelle, sous la baguette du regretté Pierre Huwiler.photo r. gilliand

Rémy  Gilliand

Rémy Gilliand

19 janvier 2023 à 01:00

«Je ne sais pas encore ce que c’est que la retraite!» glisse Elisabeth Brulhart derrière le bureau de «son» agence de voyages payernoise. Et pourtant, cela fait 2 ans et demi que la Broyarde a atteint l’âge d’en profiter, mais elle a préféré prendre son temps en diminuant ses heures à l’agence, tandis que Justine Weiler a repris les rênes de l’agence payernoise.

Le nom d’Elisabeth Brulhart est indissociable de celui du grand voyagiste suisse en terre broyarde. Mais avant d’en arriver là, celle qui est née à Riaz un 6 septembre 1956 a toujours baigné dans le monde des voyages. «Mon papa, bien que Singinois, est né à Tunis. Nous nous rendions assez souvent en Tunisie et c’était un privilège de voyager à l’époque. Nous étions même allés en famille au Japon pour un congrès mondial des confiseurs», se rappelle-t-elle. Elle a 10 ans quand ses parents décident de s’établir à Estavayer-le-Lac, car ils avaient repris la confiserie et le tea-room du Carmen. «Dans ma jeunesse, avec ces nombreux voyages, je me voyais bien hôtesse de l’air ou guide. Mais mon papa a souhaité que je fasse des études.» Elisabeth étudiera sur les bancs du Sacré-Cœur et décrochera un diplôme de commerce. Elle s’en ira apprendre les langues en Allemagne, en Angleterre. Au retour, elle est engagée à Genève dans une agence de voyages à 19 ans et demi. Et puis c’est l’arrivée chez Kuoni à Fribourg. Elle y fera ses armes durant 10 ans, avant de convaincre Michel Ayer, directeur de Kuoni Romandie, d’ouvrir une agence à Payerne. «J’aurais pu choisir Estavayer, où j’habitais, mais pour moi la capitale broyarde était plus centrée, je voyais déjà le développement de l’intercantonalité», estime cette précurseure. Elle a le feu vert de la direction et le premier bureau s’ouvre à la rue de la Gare à Payerne en février 1988. L’agence prospère très vite, notamment avec les voyages de groupes des innombrables sociétés de la région. Mais Elisabeth se sent à l’étroit dans ce long couloir et elle a l’œil sur une nouvelle surface inoccupée à la rue des Granges. Elle contacte la direction et après une courte visite du directeur, elle a sa pleine confiance. «On ne m’a pas donné ça comme ça, j’avais fait mes preuves durant ces années dans la Broye», précise-t-elle. Depuis plus de 25 ans, Kuoni occupe ces locaux qui étaient dévolus à une banque. «Au sous-sol, il y a encore le coffre-fort!» sourit Elisabeth.

«Un esprit d’ouverture que je revendique»

Passionnée par son métier, par les voyages, elle en a profité pleinement en visitant de nombreux pays. «Ce sont avant tout les rapports humains qui m’intéressent, ces différences qui sont autant de richesses, avec un esprit d’ouverture que je revendique. A l’époque, voyager n’allait pas de soi, mais j’ai eu cette chance d’élargir mes horizons.»

Parmi ses coups de cœur, Elisabeth évoque le désert d’Atacama, mais aussi la Namibie. «Je suis surtout une férue d’Amérique centrale et du Sud. Je parle espagnol, c’est donc plus facile et puis il y a cette musique, ces couleurs, c’est festif», énumère notre pigeon voyageur, avec les yeux qui pétillent.

Durant ces dernières décennies, le monde du voyage a évolué avec une certaine démocratisation des périples en avion et l’arrivée d’internet. «A l’époque, un billet d’avion pour New York, coûtait plus de 3000 francs. Pour ma part, internet est un atout. Cela m’a donné un savoir supérieur et a valorisé mon métier. Cela dit, les gens ont toujours besoin de conseils, surtout quand ils ont fait une mauvaise expérience en organisant eux-mêmes leur voyage…»

En février 2020, le couperet tombait avec un virus qui n’avait pas de frontière… «Le Covid a redimensionné tout ça. C’était incroyable, nous avons passé trois mois à rapatrier des gens, des heures à les contacter et trouver des solutions pour les ramener au pays. C’était inédit et personne ne savait ce qui allait se passer, on naviguait à vue. J’avais l’impression de travailler à l’hôpital, avec des demandes de renseignements sur les vaccins, les pass sanitaires, se souvient Elisabeth Brulhart. J’avoue que le travail n’a pas été des plus intéressants, tant notre job de base consiste à vendre du rêve. Mais je crois que cela a été gratifiant et les clients ont été reconnaissants. Après ces vagues successives, il a fallu modifier notre façon de travailler», avoue celle qui a donné toute sa vie professionnelle à Kuoni.

Avec son compagnon de vie, Elisabeth a désormais le luxe de la retraite depuis le 31 décembre: «Je vais voyager avec un billet de retour ouvert», dit-elle, tout sourire.

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