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«Elle avait fait le choix d’un idéal élevé»

Dans les années 1950, Marie-Madeleine Doleires a fait vivre les arènes en y organisant des spectacles. Michel Doleires est revenu sur son parcours.


PK

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27 mai 2021 à 02:00

Enseignante, mais aussi dessinatrice, animatrice, galeriste d’art, directrice en événementiel et propagandiste. Marie-Madeleine Doleires a été tout cela à la fois. «Elle a laissé des souvenirs indélébiles auprès de celles et ceux qui l’ont côtoyée», a rappelé Michel Doleires. Samedi matin, au théâtre du Château d’Avenches, devant un public attentif, limité à 50 places, le fondateur d’Avenches Tattoo est revenu sur le parcours de cette femme mue par un rêve: faire briller au-delà de nos frontières Avenches et ses arènes.

Un rêve d’enfance

Pour Michel Doleires, qui n’a pas de lien de parenté direct avec Marie-Madeleine, il était tout naturel de présenter le parcours de cette femme dans sa série de portraits consacrés aux Avenchois amoureux de leur ville. En s’appuyant sur les archives de l’Association des arènes, que Marie-Madeleine a créée, Michel Doleires s’est concentré sur les années 1953 à 1960. «Sept ans d’une vie faite de passion, de succès, de bonheurs, mais aussi d’amères déceptions et de désillusions.»

Marie-Madeleine a vu le jour le 3 août 1916 à Avenches. Fille de Jules Doleires, agriculteur, et de Madeleine, née Mayor, elle a grandi aux côtés de ses deux sœurs, Pierrette et Pauline-Henriette, dans la ferme familiale qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel Collège de la Cure.

Formée comme institutrice primaire à l’Ecole normale, elle n’a pas vingt ans lorsqu’elle est nommée à Avenches le 1

L’engagement pour sa ville et sa capacité à fédérer culmineront avec les spectacles qu’elle contribuera à mettre sur pied. Un vieux rêve visiblement, comme en témoignent ses souvenirs d’enfance autour des arènes, qu’elle relate en 1955: «J’imaginais alors les milliers de spectateurs assistant à des joutes ou des représentations théâtrales.» En 1946, elle participait déjà au spectacle Prométhée enchaîné, au théâtre du Selley, créé sous l’impulsion de personnalités lausannoises. Cette tragédie revisitée avec les décors du peintre Hans Erni et la musique d’Arthur Honegger ne remportera pas le succès escompté. En raison de la mauvaise météo, et probablement de l’inexpérience des organisateurs.

«Une vie si riche, si intense»

Pour Marie-Madeleine, Mar-Mad comme on l’appelait, l’année 1953 marquera un tournant. A l’occasion du 150

En 1954, après un travail important, des tensions sur le plan financier et des autorités communales plutôt frileuses, la pièce Antigone, de Jean Anouilh, se jouera avec succès devant 10 000 spectateurs. Avec à la clé un petit bénéfice. Il en sera tout autre pour Montserrat l’année suivante, une pièce au thème sombre, plombée par la critique et la météo. Suivront Bérénice, de l’auteur fasciste Robert Brasillach (un choix qui interroge Michel Doleires) et La Mariane de Tristan L’Hermite. Dernier spectacle joué en 1960, Alexandre le Solitaire a quant à lui obtenu un joli succès.

Le manque continuel d’appuis aura finalement raison de l’enthousiasme de Marie-Madeleine et de son comité. Elle meurt soudainement le 7 octobre 1962, à 46 ans. «Il y a quelque chose d’inachevé dans cette vie si riche, si intense et si belle», conclut Michel Doleires qui lui a rendu hommage. «Elle avait fait le choix d’un idéal élevé, au service de sa ville.»

Dans le public, des personnes ayant pour la plupart été élèves de Marie-Madeleine ont partagé avec émotion leurs souvenirs. «Cette conférence m’a permis de rencontrer des personnes qui l’ont connue. Je suis très touchée. Merci beaucoup», a confié sa nièce Marianne Gerber.

 

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