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Emmanuel Pythoud, le pédiatre qui a oublié de vieillir

Retraité le Dr Pythoud? Pourtant il a toujours cet air juvénile. «C’est sans doute parce que j’ai toujours travaillé avec des enfants. Ça aide beaucoup et on oublie qu’on est vieux», glisse celui qui a reçu des milliers d’enfants et de parents à son cabinet payernois depuis 33 ans.

Emmanuel Pythoud a remisé sa blouse blanche. Prêt pour d’autres aventures. Durant le Covid, il a officié comme médecin bénévole au centre de vaccination de l’HIB.

Rémy  Gilliand

Rémy Gilliand

22 décembre 2022 à 01:00

Emmanuel Pythoud est né en 1955, à Fribourg. Il a passé son enfance à Marly avec ses parents, son demi-frère et sa demi-sœur plus âgés. Il fait son collège en internat à Matran, puis obtient son bac à Saint-Michel en 1975. Il entame ensuite ses études de médecine à Fribourg, qu’il finalisera en 1981 à Lausanne. Il fait ensuite sa formation hospitalière en orthopédie à Fribourg. Suivra une formation en pathologie à Berne, en anesthésie à Fribourg, puis en pédiatrie au CHUV, en débutant par la chirurgie pédiatrique. Il exercera à Morges et terminera son cursus aux Hôpitaux universitaires de Genève, où il est nommé médecin assistant puis chef de clinique.

«Un jour, le Dr Raymond Maendly m’appelle pour me demander si je ne serais pas intéressé par un poste de médecin en pédiatrie à Hôpital de zone de Payerne et pour ouvrir un cabinet en ville. Je n’ai pas hésité longtemps. Cette double fonction était appréciable, un bon compromis», se souvient le pédiatre, qui est arrivé à Payerne en 1989. A l’époque, la ville manquait de pédiatres. La succession de la doctoresse Rothen n’était pas assurée et le Dr Francis Lattion était en solo. «C’est avec lui que j’ai appris la pratique en cabinet. C’était différent du travail à l’hôpital avec ses soins intensifs.»

Durant dix ans, jusqu’en 1999, les Dr Lattion et Pythoud se sont partagé les gardes hospitalières en pédiatrie. A l’hôpital, on se souvient encore des prises de bec amicales et légendaires au sein de ce tandem de choc. «C’est un faux timide, dit de lui le Dr Lattion. Il paraît un peu bougon, mais au fond, c’est un chic type et un excellent toubib!»

«Je suis un peu râleur, mais je n’aime pas les conflits. A l’hôpital, on doit travailler en équipe, avec la prise en charge d’enfants. Tout le monde a son importance, tout le personnel. La médecine ne se pratique pas tout seul», rappelle-t-il.

«Nous avons de sacrées responsabilités, on se sent parfois seul face à des situations dramatiques. J’ai toujours fait au plus près de ma conscience, malheureusement on n’est pas tout-puissant. La culture de l’erreur permet d’avancer.»

Père de trois enfants, marié à Mercedes, il reconnaît que son épouse a été une aide très précieuse lors de moments difficiles. Mais Emmanuel Pythoud préfère garder les bons souvenirs. «J’ai eu une expérience de vie extraordinaire au service des autres. Je n’ai jamais regretté mes choix. Quand tu dois annoncer à un enfant, surtout à ses parents, qu’il est atteint d’un cancer, d’une leucémie, c’est à chaque fois une famille qui bascule et émotionnellement pour nous médecins, c’est très prenant. En jetant un œil dans le rétro, j’étais loin d’imaginer l’importance que j’avais pour ces patients dans leur vie. Les liens ont été très intenses parfois», se souvient le pédiatre, qui estime avoir suivi 7500 enfants.

«J’ai connu tous leurs héros»

«C’est un très beau métier, mais il est mal soutenu par la société et manque d’appuis politiques. On l’a vu lors du Covid et après, le soufflé est vite retombé. Un médecin assistant passe plus de 70% de son temps à faire de la paperasse, au détriment du patient», dit Emmanuel Pythoud. Ce sera son seul coup de gueule, tant notre médecin est positif, tourné vers l’avenir. «Les pédiatres gardent toujours une certaine dynamique, car nous nous intéressons à ce que les enfants vivent. J’ai connu tous leurs héros et certains petits patients étaient étonnés de ma culture enfantine», rigole Emmanuel Pythoud.

Toujours prêt à aider son prochain, il a fait de l’humanitaire au Vietnam et se verrait bien repartir. «Mais j’aimerais des objectifs clairs», lance ce passionné de golf. «C’était ma planche de salut, moralement le golf m’a sauvé la vie, avec des amitiés incroyables», relève cet infatigable voyageur, passionné de ski et grand-père de trois petits-enfants, dont le dernier est né le jour de notre rencontre pour ce portrait.

Désormais, une page s’est tournée et Emmanuel a rangé sa blouse blanche. Son cabinet est repris par le tandem Maude Simone et Alexandre Pereira. «C’est une chance pour moi, mais surtout pour la région d’avoir trouvé des repreneurs», lance, souriant, le désormais jeune retraité.

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