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Estavayer veut garder son ruisseau

Considéré comme une dérivation artificielle des eaux du Bainoz, le ruisseau des Moulins devra subir des travaux au lieu-dit de l’ancien moulin à Bollion, pour laisser assez d’eau au Bainoz et garantir la libre migration des poissons. La commune s’y colle.

Là où atterit le ruisseau des Moulins, porte de la Thiolleyres.Photo ik

Isabelle  Kottelat

Isabelle Kottelat

16 février 2023 à 01:00

Il passe dans la ville et fait partie de l’histoire d’Estavayer-le-Lac et même de toute une région. De son patrimoine. Le ruisseau des Moulins continuera à se jeter du haut du cimetière vers la porte de la Thiolleyres à la cascade du Crittet (lire ci-dessous). Ainsi en a décidé la commune d’Estavayer qui a confirmé au canton de Fribourg sa volonté de maintenir ce ruisseau et son débit d’eau. Et du coup, d’assumer la responsabilité de travaux d’assainissement de l’ouvrage de déviation d’eau qui lui donne naissance et qui est situé sur la commune de Lully, au lieu-dit de l’ancien moulin àBollion.

Un cours d’eau artificiel

C’est en fait une longue histoire qui traîne depuis dix ans et pour laquelle aujourd’hui des obligations et des délais ont été posés et publiés dans la Feuille officielle du canton de Fribourg.

Suite à la modification de la législation fédérale sur la protection des eaux, entrée en vigueur en 2011, les cantons sont tenus d’ordonner aux détenteurs d’aménagements hydroélectriques de prendre des mesures d’assainissement pour garantir notamment la libre migration des poissons.

«Le canton de Fribourg considère que le ruisseau des Moulins est un cours d’eau artificiel, une déviation des eaux du Bainoz, qui lui est naturel», explique Pierre Andrieu, chef du service des eaux et du domaine public à la commune d’Estavayer. Et l’Etat estime que là où il y a la dérivation, il y a un seuil d’une hauteur d’un mètre où il faut aménager une passe à poissons pour rétablir la migration piscicole, autrement dit pour permettre aux poissons de le franchir. Egalement en remontant le courant, ce qui n’est aujourd’hui pas possible.

Laisser assez d’eau au Bainoz

En outre, il faut aussi assainir la prise d’eau parce que cette dérivation ne permet pas un débit résiduel suffisant au Bainoz, selon le canton.

Les propriétaires actuels des deux ouvrages restants qui prenaient l’eau du ruisseau pour alimenter, ici le moulin Pillonel, là l’ancienne scierie Bise dont il reste la roue à aubes, n’ont pas manifesté leur intérêt à garder le ruisseau tel quel ni à l’entretenir puisque leurs installations ne fonctionnent plus, respectivement depuis 2016 et 2005. Le canton s’est donc tourné vers la commmune d’Estavayer pour voir si elle souhaitait maintenir ce ruisseau.

Un délai jusqu’à 2030

Estavayer, qui compte en tout 35 kilomètres de ruiseaux à ciel ouvert et 10 sous terre, avec pas moins de 50 points de contrôle et d’ouvrages particuliers, a maintenant jusqu’à la fin de cette année pour produire une étude qui définit des variantes de travaux pour l’assainissement de l’ancien moulin à Bollion. Les travaux, quant à eux, devront être réalisés jusqu’en 2030.

Le montant de l’opération n’est pas encore connu. «On n’a pas encore choisi de partenaires», note Pierre Andrieu. Il est à relever que la passe à poissons sera remboursée à 100% par la Confédération.

«L’aspect positif, c’est qu’on aura rétabli la migration piscicole, apprécie-t-il. Actuellement, les poissons ne peuvent pas remonter le courant pour aller frayer et ils doivent pouvoir aller dans les deux sens du courant pour leur cycle de vie.»

«Dans le cadre du ruisseau du Bainoz, on peut notamment citer la truite et la petite lamproie. Des espèces considérées comme menacées», précise Vanina Heinrich, collaboratrice scientifique faune aquatique au Service cantonal des forêts et de la nature. «Un poisson migre pour plusieurs raisons: trouver de nouveaux habitats plus adaptés, des zones plus propices au frai, l’hivernation, etc. La possibilité de pouvoir migrer librement influe très fortement sur leur survie dans un cours d’eau.»

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