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Historiens et autodidactes

Deux Curtillois ont réalisé une recherche brillante et complète, reliant les noms de 150 lieux-dits à l’histoire de leur village. Un travail qui permettra la mise en valeur du patrimoine local.

Les deux historiens autodidactes Hubert Sonnard (à g.) et Thibault Repond devant leur travail exposé sur les murs du Café fédéral, à Curtilles. Photo Philippe causse

Philippe  Causse

Philippe Causse

16 février 2023 à 01:00

Rieurs et complices, tels deux compères ayant joué un bon tour, les deux historiens autodidactes curtillois sont attablés au Café fédéral de Curtilles, un endroit central et fréquenté où ils ont d’ailleurs exposé les résultats de leurs recherches. Thibault Repond, 32 ans, et Hubert Sonnard, 80 ans, se sont retroussé les manches pour accomplir un travail patrimonial gigantesque: répertorier les 150 lieux-dits de leur commune.

«Je me considère comme Curtillois, si les natifs du bourg m’acceptent», explique tout sourire Thibault, arrivé au village à l’âge de trois mois seulement. Le ton change chez son voisin de table qui clame avec ce regard rieur qui le caractérise: «La famille Sonnard est ici depuis plus de 400 ans, mes recherches généalogiques s’arrêtant en l’an 1593.»

De drôles de noms

Cet agriculteur à la retraite, passionné par l’histoire de Curtilles, a mis un jour le feu aux poudres. «Un champ situé au-dessus de celui de mes parents était nommé Fin dernier ou Cul de la fin. Je trouvais cela bizarre, j’ai voulu connaître les origines de ces différentes appellations.»

Simplifiés par les nombreux remaniements, les noms des parcelles de terrain ont évolué au cours du temps. Les deux historiens en herbe élaborent un jour leur projet autour d’un dernier verre et décident de remettre sous les feux des projecteurs les lieux-dits de Curtilles.

Hubert met alors à disposition un document familial, «un classeur que j’ai eu la chance de recevoir en héritage et qui reprend certains lieux du village et leur histoire». Thibault part en chasse, parcourant le cadastre et les archives cantonales qu’il maîtrise à merveille grâce à sa profession d’architecte, retrouvant même des plans complets datant de 1838.

Des liens mis en évidence

Le résultat parle de lui-même, chaque nom ressuscité du passé devenant une véritable page d’histoire. «Je connaissais Les Essinges sous l’appellation Suce roche», note Hubert, avant d’expliquer la provenance du nom découvert: «Cela indique un endroit où se cultivait le lin.» Le peigne à carder repris sur les armoiries de la commune semble attester par recoupement l’existence de cette activité textile.

De petits morceaux d’histoire

Tous ces anciens noms sont extirpés du passé, montrés aux visiteurs du café accompagnés d’une photo et d’une carte détaillée. «Notre travail donne une profondeur à notre territoire», confirme Thibaud, reconnaissant au passage que la tâche, même si elle ne fut pas colossale, n’a pas été si facile.

Au Champ de la hache, l’endroit où fut retrouvée une arme de guerre à la forme caractéristique, ou En Castelley, la colline, la butte, le mamelon où avait été érigé un château, les noms défilent tel un inventaire à la Prévert, parfois poétiques, Chantemerle, ou plus pratiques quand ils reprennent simplement le patronyme des habitants du lieu.

«En faire un livre»

Thibault Repond a consigné et enregistré tous ses entretiens avec Hubert Sonnard. «La finalité serait d’en faire un livre», explique le jeune homme avec l’assentiment de son voisin de table. «Je regrette de n’avoir pu en parler avec les anciens maintenant disparus», conclut Hubert. L’écriture n’est pas son fort, mais le personnage est oralement intarissable sur l’histoire en général et celle de son village en particulier.

Le travail de ces messieurs est toujours visible au Café fédéral et pour quelques semaines encore.

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