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Inquiétudes sur les bords du lac

ÉNERGIE HYDRAULIQUE L’idée d’un raccordement du barrage de Schiffenen au lac de Morat sur laquelle planche Groupe E soulève des questions. A Faoug, la syndique s’inquiète des conséquences sur le niveau du lac en cas de crues, à l’image de celle de juillet dernier.

Un raccordement souterrain entre le barrage de Schiffenen et le lac de Morat pourrait conduire à une hausse du niveau du lac de 13 centimètres. A Faoug, on se demande ce qu’il adviendrait en cas de montées des eaux.

Pierre Köstinger

Pierre Köstinger

6 janvier 2022 à 01:00

Après les crues historiques de juillet dernier, pas question que la commune de Faoug ne boive la tasse une deuxième fois. C’est du moins ce que laisse entendre la syndique Sylvie Gomes Da Silva à propos du raccordement du barrage de Schiffenen au lac de Morat par un canal souterrain. Ce projet d’envergure, devisé à 350  millions de francs, est l’une des variantes sur lesquelles planche Groupe E.

L’ouvrage devra permettre l’assainissement des «éclusées», soit les variations quotidiennes du cours d’eau en aval du barrage. Une exigence légale qui devra être réalisée d’ici à 2030 en vue de protéger la faune aquatique. Au passage, cette voie souterraine permettrait d’augmenter la production électrique en fournissant annuellement 283 gigawattheures (GWh), à savoir 158 de plus que produits aujourd’hui au barrage de Schiffenen.

Des points encore à étudier Ce qui inquiète Sylvie Gomes Da Silva, au cas où cette variante serait retenue par le canton, c’est que cette conduite augmenterait le niveau permanent du lac de Morat de 13 centimètres, avec une fluctuation de plus ou moins 4 centimètres en fonction du turbinage. Des chiffres présentés lors d’une séance à Aarberg en novembre dernier par Groupe E devant les acteurs concernés.

La syndique de Faoug était présente. «Des questions restent en suspens et pour l’instant, je suis dubitative», avoue-t-elle. L’élue s’interroge sur les conséquences de cette hausse du niveau du lac en cas de crues ainsi que sur le risque de créer des courants dangereux par l’apport supplémentaire d’eau. «D’autant que l’eau provenant de Schiffenen est très froide par rapport à celle du lac de Morat.»

Responsable environnemental chez Groupe E, Bertrand Rey indique que la courantologie dans le lac de Morat sera justement l’un des points à étudier parmi d’autres. «La Sarine est effectivement plus froide que le lac de Morat, mais il faut savoir que la législation ne permet pas d’avoir une variation de plus de 1,5 degré Celsius après dilution.»

Pour ce qui est de l’arrivée d’eau dans le lac, celle-ci se situera à quelques centaines de mètres de la berge en évitant les agglomérations. «Une tour de restitution sera construite», explique Bertrand Rey, précisant que le tracé définitif n’est pas arrêté. Concernant l’élévation du niveau du lac de Morat, des évaluations restent à mener sur l’influence que cela aurait sur la nature et l’environnement. Mais Bertrand Rey précise d’ores et déjà qu’en cas de montée des eaux telle que nous l’avons connue l’été dernier, un raccordement vers le lac de Morat ferait partie de la solution, et non pas du problème.

«Ce projet pourrait permettre d’améliorer les choses en cas de grosses crues», souligne-t-il, car en aval du barrage, la Sarine rejoint aujourd’hui le lac de Bienne en se jetant dans l’Aar. «Turbiner dans le lac de Morat permettrait au besoin de ralentir le remplissage du lac de Bienne et donc de mieux gérer les crues.»

Pour le président de Pro Natura Fribourg, Marc Vonlanthen, il s’agira de «trouver un chemin médian» entre le soutien aux énergies renouvelables et la préservation de la nature. La section, conviée à la séance de novembre avec Pro Natura Berne, suivra le dossier. Il s’agira d’être attentif au tracé de la future canalisation et à son impact sur l’environnement, ainsi qu’aux zones humides autour du lac de Morat.

De manière générale, il faudra aussi veiller à la gestion des eaux, car l’écologiste relève que le tronçon entre les barrages de Rossens et Schiffenen est déjà «passablement mis à contribution». Diminuer encore le volume d’eau sur cette portion de la Sarine influencerait la faune et la flore aquatiques, note-t-il. Ces aspects, et d’autres, seront pris en compte par Groupe E qui entend travailler sur le mode participatif.

Démarche participative
«En tenant compte des craintes et des intérêts de chacun, le but est de trouver ensemble la meilleure solution», résume Bertrand Rey.

Après cette première séance en novembre, qui a réuni les représentants des communes, mais aussi les milieux agricoles et de la pêche ainsi que des organisations de protection de l’environnement, des groupes de consultation seront créés. L’objectif serait de remettre un rapport à la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions pour l’été 2022.

Si la route paraît encore longue pour les porteurs du projet, Sylvie Gomes Da Silva, de son côté, entend aborder la question avec ses homologues de l’enclave avenchoise, afin de défendre les intérêts des communes de manière concertée.

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