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L’Arbogne sera revue et corrigée

L’Arbogne a de tout temps habitué ses riverains à ses sautes d’humeur. Un réaménagement près du site du futur centre sportif devrait régler son débit en rendant service aux poissons.


Philippe  Causse

Philippe Causse

25 août 2022 à 02:00

Le seuil du moulin de Bossy, une chute d’eau située en aval de la salle polyvalente et près de la déchetterie de Cousset, va disparaître. Ce havre de paix dans lequel les jeunes du village aiment venir se rafraîchir et se réunir à l’abri des feuillages sera réaménagé d’ici quelques années. «Il y a une cuvette sous la chute, où les jeunes se baignent en été, à l’abri des arbres», explique avec un sourire nostalgique en coin Christophe Burri, boursier communal et responsable du dossier. La commune doit proposer un projet de correction aux autorités cantonales, et ce avant 2024.

L’objectif est double. Il s’agit de rabaisser le niveau de l’Arbogne pour limiter l’impact de ses crues, qui se déclenchent au moins deux fois par décennie. La dernière, datant de juillet 2021, a submergé la route des Buissons. Le but est aussi de rétablir la migration piscicole, que cet obstacle de trois mètres de haut rend impossible. Les truites, mais également les barbeaux et les chabots vont sauter de joie.

L’Arbogne, moteur de la région

La présence de cette retenue d’eau est historique. Elle fut construite dans les années 1890 par le Moulin Bossy Céréales à Cousset, qui en devint le propriétaire, afin d’utiliser le précieux courant hydraulique.

Surélever le niveau de la rivière permettait d’approvisionner le canal qui reliait l’Arbogne au moulin. Cette conduite d’eau fut remplacée et remblayée dans les années 1950-1960. La nouvelle canalisation, qui prenait sa source plus haut en amont et qui longeait le terrain de football actuel, fut également supprimée et ensevelie dans les années 1990. Une grille, toujours visible aujourd’hui, en est le seul vestige (voir photos).

La rivière a longtemps contribué au développement économique de la région, puisque liée aux activités humaines, agricoles et industrielles durant des décennies. Les manuels d’histoire parlent d’une trentaine de moulins au début du XXe siècle, dont deux à Cousset, et six usines à Corcelles-près-Payerne qui profitèrent de sa force hydraulique au XIXe siècle (lire l’encadré).

Mini-centrale hydraulique

Afin de mener à bien cette opération et de juguler les brusques montées des eaux du capricieux courant, la commune de Montagny a racheté le barrage à Bossy Céréales en février 2022, pour le franc symbolique. Elle prendra en charge les mesures d’assainissement.

Ce barrage sera détruit pour fluidifier le courant de l’onde impétueuse. «L’idéal serait de creuser un peu plus le lit de la rivière sur au moins cent mètres en amont, une sorte de renaturation pour redonner du fond et de la pente et mieux diriger le ruisseau», détaille Christophe Burri, lié sentimentalement à l’Arbogne depuis son plus jeune âge.

La création d’une mini-centrale hydraulique fit l’objet d’une première réflexion de la part des autorités. «Nous avons abandonné le projet. Il était plus opportun et urgent pour la commune de démolir l’ouvrage afin de rabaisser le niveau de l’Arbogne en rétablissant la libre migration des poissons», conclut Christophe Burri.

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