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La noix a le vent en poupe

Deux ans après l’octroi d’un financement par le canton de Vaud, la filière de la noix dans la Broye et la région du Pied du Jura prend son essor à l’heure d’une belle récolte 2022. Et avec la perspective d’un soutien fribourgeois.

C’est la récolte à la main, cette année, sous les noyers de Sylvain Thévoz, qui tient à préserver ses sols des machines en raison des récentes fortes pluies.Photo ik

Isabelle  Kottelat

Isabelle Kottelat

6 octobre 2022 à 02:00

L’un grimpe dans l’arbre et le secoue, avant que les autres ne ramassent à la pelle les noix tombées au sol. Ou plutôt à l’aide de manches munis d’une sorte de grillage qui piège les fruits à coque à l’intérieur sans avoir besoin de se baisser. Le ramassage se fait à la main ces jours, à Chevroux, sous les noyers du domaine de Sylvain Thévoz, qui est pourtant mécanisé pour la récolte. Mais avec les récentes grosses pluies, l’agriculteur tient à préserver ses sols du tassement des machines. Bichonner sa terre, c’est l’un des piliers de sa pratique, «dans un équilibre entre ce que je sors de l’exploitation et ce que je nourris sous forme de biomasse ou de compost.»

Le Chevrotin est l’un des 27 exploitants agricoles (24 sur Vaud et 3 sur Fribourg en Basse-Broye) regroupés en coopérative dans la filière nucicole de la Broye et de la région du Pied du Jura. Créée en 2011, elle a, en 2020, reçu un financement cantonal vaudois de 1,43 million de francs pour son projet de développement régional agricole, tandis que la Confédération la subventionne à hauteur de 1,79 million. Ces soutiens s’accompagneront encore tout prochainement de celui du canton de Fribourg, se réjouit Sylvain Thévoz. L’objectif est la valorisation de la filière de la noix par le biais de la mise sur le marché d’un produit local et de qualité (lire ci-contre).

Et ce n’est rien de dire que la filière nucicole régionale est en pleine expansion. Ces mannes publiques ont permis aux cultivateurs d’acquérir des machines capables, l’une de secouer les noyers pour en faire tomber les fruits, l’autre de les ramasser en balayant le sol entre les lignées.

Un centre de collecte broyard

Plusieurs centres de collecte, aussi appelés chaînes de stabilisation de la noix, sont prévus: après Cossonay, le deuxième, prévu initialement à Chevroux, devrait être construit à Lully; un troisième, à Lovatens, est encore en discussion. C’est que la noix est délicate: il faut faire vite dès lors qu’elle est ramassée. Une fois amenés dans un centre de collecte, les fruits sont rapidement lavés, triés et séchés (sur trois jours) pour ne pas perdre en qualité à cause de l’humidité.

Cette année, la récolte s’annonce belle, avec des volumes attendus de 10 tonnes, dont la moitié provient des arbres de Sylvain Thévoz. «Mes noyers ont un peu d’avance sur ceux de mes collègues, parce qu’ils ont été plantés dans les premiers.» L’homme avait mis en terre 600 arbres en 2010 et les deux hivers suivants. Au total pour la coopérative, plus de 11 000 noyers ont été plantés, «avec un potentiel de 200 à 250 tonnes de noix quand on sera en pleine production», souligne Sylvain Thévoz.

«L’importation actuelle de noix pour les consommateurs suisses est de 1200 tonnes de noix à casser et 2000 tonnes de cerneaux: on a une place à prendre. Et un certain succès déjà. La production suisse est en expansion et la consommation aussi», précise Olivier Pichonnat, cultivateur à Lovatens et président de la coopérative nucicole. «Il a fallu un travail de préparation pendant ces dix dernières années. Avec cette troisième saison de récolte, on est encore en phase d’apprentissage. Mais le marché de la noix s’organise bien», conclut Sylvain Thévoz.

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