La première pierre d’un édifice ambitieux

A l’heure de se féliciter pour la réussite d’un projet novateur à l’échelle broyarde et même fribourgeoise, jeudi dernier, les acteurs de ce projet n’oubliaient pas qu’aboutir n’aura pas été un long fleuve tranquille. Il aura fallu expliquer, convaincre, vaincre les réticences, recommencer et ne jamais lâcher, malgré les vents parfois contraires. A l’arrivée, la solution de chauffage et de refroidissement qui va entrer en fonction ces prochains mois est vraiment intéressante.

En effet, en captant la chaleur de l’eau du lac, via d’imposantes pompes à chaleur, mais qui fonctionnent exactement comme celles des particuliers, le bilan carbone de l’HIB Estavayer et de l’EMS Les Mouettes va faire un saut énorme du côté de l’écologie et du renouvelable (-500 tonnes de CO2 rejetées). Cette baisse est d’autant plus importante pour l’établissement hospitalier qu’il est considéré comme un gros consommateur et que le canton de Fribourg exige de ces derniers un minimum de 70% d’énergie renouvelable lors de travaux de rénovation, ce qui était le cas, puisque la chaufferie au mazout était devenue totalement obsolète.

Si l’impulsion du projet était évidemment de donner à l’HIB, une manière de chauffer répondant aux critères actuels, le projet développé par le partenaire énergétique a permis de multiples réalisations «win-win», comme on dit.

Donc, premièrement l’HIB se met au renouvelable, même si une unité alimentée au gaz est là en cas de panne. Puis, la commune d’Estavayer, qui a permis l’utilisation d’une ancienne conduite de captage, voit la nouvelle station de pompage créée pour ce projet être raccordée à sa propre station de pompage pour l’eau potable, assurant une redondance d’alimentation en eau brute manquante jusqu’ici. Et, pour terminer, la société exploitant le port d’Estavayer-le-Lac (Socoop) accueille sous ses pontons les conduites de rejet de l’eau, dont on a seulement capté la chaleur, pour «animer» une partie du port où l’eau quasi stagnante est propice à la prolifération des algues.

Dans ce tour d’horizon, il est bon également de relever que la station de pompage pourrait aussi alimenter la fameuse pisciculture cantonale, alors que le réseau de chauffage et de refroidissement pourra aussi couvrir les besoins de bâtiments communaux prévus à proximité du port de la Sicel, ainsi que le futur Hôtel du Lac.

Tout a été rendu possible par la volonté entrepreneuriale du Groupe E et les relais locaux qu’il a trouvés. C’est lui qui a ficelé le projet et qui a investi 2,2 millions de francs pour le mener à bien. Prouvant, si besoin était, qu’il est un énergéticien de référence et soucieux de l’avenir de cette planète.