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Le Pont-Neuf? Une très vieille histoire

Après le pont de Sugiez et ceux de Moudon, nous voici de retour dans la plaine broyarde, avec le Pont-Neuf. Rien à voir avec le mythique ouvrage parisien, mais ce pont situé à cheval entre les communes de Payerne et Corcelles-près-Payerne a une longue histoire.

Le Pont-Neuf ou pont de Chanalet à double voûte en hiver, avant 1890. La Broye n’est pas encore corrigée. Mais à l’arrière-plan, on devine le pont provisoire en bois, construit plus loin. A droite, le pont de bois enjambe la Broye corrigée (1892).

Rémy  Gilliand

Rémy Gilliand

2 septembre 2021 à 02:00

La Broye regorge d’endroits où l’on ne sait pas trop où l’on est: sur Vaud ou sur Fribourg. Alors ici on est bien en terre vaudoise, mais c’est soit Payerne, soit Corcelles qui font l’histoire de ce lieu-dit du Pont-Neuf qui est à la fois un hameau et un pont. Faisons halte.

On retrouve des traces du pont du Chanalet en 1597 déjà. Il s’agissait d’un magnifique ouvrage de pierre (photo ci-dessus) qui portait le nom d’un lieu-dit situé derrière le hameau qui a pris désormais le patronyme de Pont-Neuf. Les écrits nous parlent d’une reconstruction, ce qui veut dire qu’il y avait déjà un pont à cet endroit pour enjamber une Broye encore dans ses anciens méandres. Ce «nouveau» pont était d’une largeur de 15 pieds et avait coûté 500 florins, tandis qu’il fut donné un sac de blé à chacun des maîtres…

On a eu raison du pont de pierre

La tumultueuse Broye faisait des siennes en inondant plaine et villages. On décide alors d’infliger une sévère correction au cours d’eau avec de titanesques travaux qui ont fait l’objet d’une page dans votre journal en 2018. En 1890, le vieux pont de pierre est démoli et l’on reconstruit alors un pont provisoire en bois, en attendant mieux. Le 20 novembre 1891 on publie une ordonnance: «Le poids maximum des charges qui peuvent être admises à passer sur le pont provisoire au Pont-Neuf est fixé à 5000 kilogrammes.»

Un ouvrage de métal

En 1898 on inaugure l’actuel Pont-Neuf. Le projet fut réalisé par l’ingénieur Dommer. La partie métallique est l’œuvre des Ateliers de constructions mécaniques de Vevey et de la maçonnerie d’Henri Perrin, entrepreneur à Payerne. Le pont porte le nom du hameau construit à la tête sud du pont. Tandis qu’au nord, c’est le domaine des Mottes. L’architecture métallique du pont est similaire à bien des ouvrages régionaux. On se souvient de l’ancien Pont de Ville de Payerne, avant 1991, mais aussi du pont de Salavaux, ou le pont qui en enjambe les voies CFF à l’entrée de Payerne, tous deux en place.

Revenons à notre Pont-Neuf qui mesure 42,75 m de long. Deux poutres semi-paraboliques de 4,23 m ont été utilisées lors de la construction pour un total de 93,3 tonnes de fer et 2163 kg de fonte. La largeur de la chaussée est de 5,75 m. En 1916, puis en 1989, les 1350 m2 de surface du pont ont été repeints.

Les pompiers du pont

Pour la petite histoire, les sapeurs-pompiers de la défunte section des Mottes ont un lien très étroit avec ce pont. Leur loge était située côté nord. Le garage existe toujours. A force de passer devant la plaque historique de 1898 apposée au milieu de l’ouvrage, ils ont eu l’idée de célébrer ses 100 ans.

Le commandant de la section d’alors, Ulrich Kocher, agriculteur sur le domaine des Mottes, réunit une équipe autour de lui pour célébrer ces 100 ans en grande pompe. Autre anecdote, outre que l’on a un pied sur Corcelles et l’autre sur Payerne, les pompiers de la vénérable section étaient aussi à cheval sur deux régimes: du côté payernois la retraite sonnait à 42 ans, et chez les Corçallins, c’était 52 ans… Point de tracasseries administratives pour la fiesta qui se tint à la fin du mois d’avril 1998. Les pompiers organisèrent ainsi une mémorable guinguette chez les Doudin du Pont-Neuf, avec partie officielle, exposition, bal et bars. Ancien voyer des eaux, Pascal Rapin avait raconté l’histoire de la correction de la Broye qui avait amené à la disparition du double pont de pierre.

La fête fut belle, comme ont dit, et on refit le monde aux abords du Pont-Neuf. Aujourd’hui, la vénérable structure de métal joue toujours son rôle de passage pour les véhicules. Par contre, pour les rares piétons, sans trottoir, c’est un peu la roulette russe.

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