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Le train passe pour le guichet de la gare

 Le guichet de la gare d’Avenches a fermé le premier jour de l’an. Est-ce le dernier wagon de modernisation pour les bureaux ferroviaires avenchois? Philippe Gentizon, chef de la gare, se confie.

A gauche, une photo d’archive présentant les employés de la gare d’Avenches en 1988. Celle-ci comportait trois manœuvres, une apprentie et trois employés de bureau dont Philippe Gentizon qui se trouve à droite. Aujourd’hui, travaillant en alternance avec un collègue, on le retrouve sur la seconde image, derrière l’un des enclenchement d’aiguillages et de signaux que les CFF veulent automatiser dans toutes les gares broyardes d’ici à 2027

Emile  Spahr

Emile Spahr

23 février 2023 à 01:00

Temps de lecture : 1 min

Les portes sont fermées, les vitres teintées, les stores tirés. Désormais, le bureau du chef de gare s’apparente plus à une salle de contrôle qu’à l’agence de voyage d’antan. «A part l’appareillage, c’est vrai que ça a pas mal changé», acquiesce Philippe Gentizon, nostalgique.

Fermeture du guichet

Pour le responsable de la gare d’Avenches, le dernier changement majeur a eu lieu en début d’année avec la fermeture définitive du guichet. Celui-ci permettait à tout un chacun d’obtenir renseignements et billets de train aux heures d’ouverture, et également de l’aide en cas de problèmes.

Le débranchement de l’office s’est fait discrètement. Début janvier 2023, le petit rideau ne se levait simplement plus pour accueillir les usagers. A la place du visage animé de l’employé des CFF, contre la vitrine du bureau, un faire-part annonçant le «décès» du guichet.

Cette disparition, certes sans oraisons ni hommages, a néanmoins été remarquée par quelques usagers. «J’ai déjà plusieurs dizaines de voyageurs qui sont venus toquer à ma porte pour se plaindre. Ce sont surtout des personnes âgées qui peinent à utiliser les distributeurs de billets. Tout ce que je peux faire, c’est leur montrer comment ces automates fonctionnent», indique Philippe Gentizon.

Une vie aux chemins de fer

Si le sexagénaire tient à ce contact avec les usagers, c’est sans doute parce que cela a longtemps été l’essentiel de son métier, qu’il exerce à Avenches depuis 36 ans.

Plus jeune, il s’était formé dans d’autres gares en Suisse romande et alémanique. «Je trouvais les chemins de fer passionnant! Et j’aimais bien voyager, ce qui tombait bien puisque les CFF déplaçaient les apprentis dans toute la Suisse pour découvrir le métier. J’ai pu aller à Delémont, Neuchâtel et trois ans à Sursee», se remémore-t-il.

Celui qui a aiguillé trains et voyageurs toute sa vie active accueille les derniers changements avec philosophie: «Même si on a pu continuer à avoir un guichet parce qu’on le voulait, je savais que ça allait se terminer. Pour des questions stratégiques, les CFF ont annoncé à la fin de l’année passée qu’il fallait le fermer. Mais tout ça fait partie d’un processus plus vaste de numérisation», explique-t-il d’une voix sereine.

Evolution d’une profession

Car la fermeture du guichet s’inscrit dans une vague de modernisation qui remonte à plusieurs décennies. «Avant, toute l’activité qui se déroulait à Avenches était sous la responsabilité du chef de gare, les employés travaillaient dans des équipes locales», se souvient Philippe Gentizon.

C’est ainsi que les manœuvres, les employés de bureau et le personnel des trains se connaissaient bien. Mais petit à petit, l’organisation changea et l’équipe diminua. Les CFF, qui ont centralisé la formation professionnelle chez Login et divisé l’activité ferroviaire, ne sont pourtant pas les seuls responsables de ces changements. Le chef de gare développe: «Il y a vingt ans, 80% de mon activité consistait à vendre des billets de train, mais aussi d’avion et de bateau. Avec la numérisation, les gens ont commencé à acheter leurs billets en ligne, les compagnies de transport ont diminué les marges laissées aux agences. Ça n’était sûrement plus rentable pour les CFF.»

C’est ainsi que le personnel employé dans les petites gares diminue, et que Philippe Gentizon se retrouve seul dans celle d’Avenches. Sa présence sur le site n’est requise qu’en raison de l’enclenchement manuel des signaux et aiguillages qui, avec la modernisation en cours, sera bientôt remplacé.

Modernisation de la ligne broyarde

La suppression du guichet avenchois s’intègre dans une stratégie de modernisation des lignes ferroviaires sillonnant la Broye. Entre janvier 2022 et janvier 2023, les CFF ont ainsi mis à l’enquête des travaux budgetisés à plus de 250 millions de francs sur les 90 kilomètres de voies. Le projet se décline en deux volets. Dans le premier, il s’agit d’améliorer l’accessibilité aux transports publics pour les personnes en situation de handicap en réaménageant des gares. Dans le second, les CFF veulent améliorer le trafic ferroviaire. Cela passe par le remplacement des 17 enclenchements de signaux et d’aiguillages gérés manuellement et localement depuis les années 60-70, et la modernisation des voies ferrées. Les travaux occasionneront des perturbations du trafic ferroviaire. La planification prendra néanmoins en compte les impératifs économiques de la région afin de limiter les désagréments. Si la date de début des travaux est incertaine, on sait déjà que huit bâtiments seront construits dans les principales localités broyardes pour abriter les nouveaux enclenchements, gérés depuis Lausanne. ES

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