Logo

Actualité

Les Corçallins misent leurs chasselas

La commune de Corcelles-près-Payerne est propriétaire de belles parcelles de vignes en Lavaux, héritées de la séparation d’avec sa voisine Payerne. S’il est une tradition qui reste bien ancrée, c’est la mise des vins du 1er samedi de mars. Elle a toutefois évolué depuis 2 ans.

La municipale Ariane Baux Jaquemet trinque à l’excellent millésime 2022, avec Hervé Rodesch, à gauche, responsable de la cave, et l’œnologue Pascal Matthey.Photo rémy gilliand

Rémy  Gilliand

Rémy Gilliand

2 mars 2023 à 01:00

Temps de lecture : 1 min

Il y a plus de deux siècles, Corcelles a souhaité se séparer de son grand et encombrant voisin payernois. Après bien des palabres, la scission fut opérée vers 1808 et Corcelles a pu conserver quelques vignobles qui faisaient partie des biens communs. Ils ont été répartis, après moult péripéties, sur une base assez particulière. «La logique aurait voulu que le nombre d’habitants soit pris en considération pour calculer la part de chaque commune, mais non, c’est alors le nombre de bourgeois qui fut retenu», explique la municipale Ariane Baux Jaquemet. S’ensuivit alors une véritable chasse aux bourgeois dans toute l’Europe. «C’est depuis cette période quelque peu mouvementée que notre commune a l’honneur de posséder un patrimoine viticole d’environ 4 hectares», poursuit la municipale des vignes.

Une mise de ce type, unique en Suisse romande

Corcelles a aussi conservé sa cave de la Grotte, située sous la place du Tribunal à Payerne. La première récolte y fut encavée en 1807. Les vins ont été choyés à cet endroit jusqu’en 2020 et, depuis 2021, les vins sont élevés à Vallamand-Dessus chez l’œnologue Pascal Matthey. «Cela permet un meilleur suivi et les locaux sont mieux adaptés aux exigences d’aujourd’hui. Mais notre cave de la Grotte est toujours utilisée pour des dégustations et le carnotzet peut être loué pour des événements», rassure Ariane Baux Jaquemet.

Depuis 2013, le vignoble est aux bons soins du vigneron-tâcheron Anthony Mottaz, établi dans les vignes à Savuit, sur le domaine corçallin.

Nul ne sait trop depuis quand la mise des vins de Corcelles existe, mais une telle mise de bouteilles par une commune semble unique en Suisse romande. Elle fait partie du patrimoine immatériel des Ours blancs. «L’ambiance de la mise fait beaucoup, c’est un jeu, c’est convivial, traditionnel», fait remarquer Pascal Matthey.

Le millésime 2022 est fin prêt pour cette dégustation. On relèvera que lors de la mise, seuls les blancs d’appellation Lutry (5000 bouteilles et 2500 désirées) et l’appellation Villette (2000 bouteilles, 1000 désirées) sont proposés aux miseurs, par lots de 24 et 48 bouteilles.

Pour l’anecdote, les premières années les miseurs devaient fournir eux-mêmes les bouteilles, propres si possible. La livraison avait lieu à la cave de la Grotte. Les étiquettes étaient fournies, mais devaient être collées par l’acheteur. A l’époque, le nombre de bouteilles misées variait autour de 30 000, sauf en 1957 avec une mise annulée. La petite récolte avait juste suffi pour la consommation de l’Auberge communale, nous dit-on…

Beau millésime

Et ce millésime, quel visage a-t-il? «La vendange 2022 fut belle, qualitative et quantitative. Nous avons vécu deux extrêmes, avec une année 2021 très humide où le mildiou et l’oïdium ont fait des ravages. Ce fut très compliqué, relève Pascal Matthey. Et pour 2022, c’est un réel plaisir, avec un état sanitaire magnifique. La vigne supporte bien le sec et va puiser l’eau très profondément. Et l’an dernier, la pluie est arrivée aux instants clés», s’enthousiasme l’œnologue, même si les quantités sont encore moindres que lors d’une année «normale».

«Les vins qui seront proposés sont quasi finis. La Baume (Lutry) exprime une belle richesse et une belle minéralité. Le Villette est un peu plus vif, c’est un chasselas plus racé et pointu que les Lutry», précise l’œnologue.

La mise est forcément fréquentée par les autochtones et notamment les représentants des sociétés locales qui en profitent pour «recaper» leurs réserves. «Ce qui dirige le calendrier de la mise, c’est la Fête de mai. Les Corçallins tiennent mordicus à ce qu’on leur serve le vin nouveau à cette occasion», prévient la municipale. Et on n’y déroge pas!

Une autre grande partie de la clientèle provient d’outre-Sarine. Là aussi, c’est une tradition qui remonte à des lustres, avec des Suisses alémaniques friands du chasselas romand, fidèles à Corcelles. «Malheureusement, cette clientèle s’érode un petit peu d’année en année, car les plus anciens disparaissent et la succession n’a pas pris le relais. Les modes de consommation changent aussi», note Hervé Rodesch, responsable de la cave.

«Si on arrêtait la mise, nous perdrions une grande partie de notre clientèle suisse alémanique», complète Ariane Baux Jaquemet.

Quoi qu’il en soit, cette coutume est encore bien vivante. Ainsi, ce samedi 4 mars, les amateurs pourront déguster les crus sur le pont de danse dans la matinée. Cette année, les artisans de bouche corçallins proposeront leurs spécialités du terroir à la dégustation et à la vente. La mise se déroulera en début d’après-midi et sera criée par Sandrine Chablaix, commissaire-priseure.

Quant aux vins rouges et autres spécialités qui ne sont pas misés, comme les pinots noirs, l’Ondoyant, le Plant Robert, le rosé, ou le mousseux, ils seront aussi proposés en dégustation et à la souscription.

Journée festive

■ Samedi 4 mars 10 h - 12 h: Dégustation sur le pont de danse à Corcelles. 11 h 30 - 13 h 30: Menu de la Mise servi à la grande salle. 14 h: Début de la mise à la grande salle. 17 h: Ouverture du caveau de l’Ours blanc.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus