Logo

Actualité

Les dragons, un demi-siècle plus tard

En 1972, l’Assemblée fédérale décidait d’abolir la cavalerie dans son armée, ceci malgré un vaste soutien populaire et une pétition de plus de 400 000 signatures. 50 ans plus tard, les vaillants dragons de l’Escadron 2 se sont retrouvés pour marquer le coup, sans leur monture.

Un fier escadron de dragons, sabre au clair dans les rues de Genève

Rémy  Gilliand

Rémy Gilliand

1 décembre 2022 à 01:00

Vendredi dernier, ils étaient au nombre de 66 anciens cavaliers de l’armée, des dragons, c’est comme ça qu’on les appelait, tous membres de l’Amicale de l’Escadron 2 qui réunit ces vaillants soldats de la Broye et du Vully depuis des lustres.

Malgré un demi-siècle passé depuis l’abolition de la cavalerie par l’Assemblée fédérale, ils ont encore fière allure, même sans leur monture. A l’heure du coup de blanc offert par la commune de Payerne, les souvenirs fusent. Beaucoup se souviennent de la fin de leur «arme» en 1973, scellée notamment par un grand rassemblement à Avenches. Une pétition avait récolté 432 430 signatures. La décision des Chambres fédérales avait très mal passé jusque dans les rangs des officiers. La cavalerie tenait une place à part dans l’armée. La Suisse était alors le dernier pays d’Europe à entretenir des formations de combat à cheval.

«Moi, j’ai fait tous mes cours», se rappelle Georges Jomini, tandis que d’autres ont été reconvertis en tant que grenadiers de chars ou dans d’autres armes. Pour eux, l’armée, c’est terminé depuis bien longtemps, mais l’amour du cheval est toujours palpable. C’est le cas pour le Payernois Pierre Schütz, coorganisateur de cette journée. Il a d’ailleurs conservé soigneusement son équipement qu’il a exposé, mais aussi le livret de son cheval Guda. «A la fin de notre école de recrues, on misait notre cheval. Le prix de base était d’environ 4000 francs, mais on ne payait que la moitié. Nous étions tous volontaires et les autorités militaires venaient inspecter les écuries, tandis que le syndic, à l’époque Achille Meyer, devait signer comme quoi nous étions solvables», sourit l’ancien dragon. Ce cheval de la Confédération était appelé un «fédéral». Le dragon devait le soigner et l’entraîner, afin d’être prêt à tout engagement. Beaucoup de passionnés pratiquèrent l’équitation et certains furent même champions olympiques. Ces remontes portaient toutes un nom que le Dépôt fédéral des chevaux de l’armée leur avait attribué. La première lettre de leur nom indiquait le pays d’origine de ces juments et hongres.

Le contingent des dragons et des guides a atteint 6600 hommes en 1924. De 1962 jusqu’à l’abolition, on comptait 3400 hommes. C’est durant la dernière guerre mondiale que la cavalerie suisse a joué pour la dernière fois un rôle important en veillant aux frontières, avec ses escadrons.

Aujourd’hui, le souvenir de la cavalerie se perpétue avec les sociétés paramilitaires fondées, comme l’Amicale des dragons de l’Escadron 2 présidée par Raymond Magnenat, présent vendredi à Payerne. Les troupes d’apparat, à l’instar des Milices vaudoises participent aussi à entretenir cette mémoire.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus