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Les lacs de Neuchâtel et de Morat en crue historique

Plus de navigation, baignade et accès aux rives déconseillés ou interdits par endroits: les lacs de Neuchâtel et Morat ont débordé, inondant des centaines d’habitations. Une lente décrue s’est amorcée en début de semaine. Les risques persistent.

L’accès aux chalets staviacois.

Isabelle  Kottelat

Isabelle Kottelat

22 juillet 2021 à 02:00

Dimanche, 18 h. Des bancs de petits poissons nagent allègrement sur le parking du port de plaisance à Estavayer-le-Lac rempli d’eau jusqu’au-dessus des genoux humains. Ce sont d’ailleurs quasi les seuls – les poissons, pas les genoux – à s’aventurer sur et dans le lac tant de Neuchâtel que de Morat ces derniers jours. La navigation y a été interdite sur les deux plans d’eau, ainsi que sur la Broye depuis vendredi, sauf pour les professionnels, jusqu’à ce jeudi au minimum en raison notamment d’une grande quantité de bois flottant. La baignade n’est pas non plus possible ou en tout cas déconseillée selon les endroits pour les mêmes raisons de risques de blessures et des problèmes d’évacuation des eaux usées.

Un restaurant en îlot

C’est que les lacs vivent depuis la semaine passée une crue historique, avec une côte montée jusqu’à 430,71 m d’un côté comme de l’autre, le niveau de débordement est à 430,50 pour le lac de Neuchâtel et à 430,85 pour celui de Morat. Une crue encore plus importante que celle du printemps 2015. Un record, en fait, depuis en tout cas plusieurs décennies.

Entouré d’eau à Estavayer-le-Lac, le Cercle de la voile joue les îlots, et le restaurant Le Nomade, qui venait d’ouvrir ses portes ce printemps, servait ce week-end les tables à la terrasse, les pieds dans l’eau. «On attend d’un moment à l’autre à être privés d’électricité, mais pour l’instant on reste ouvert», lâche la gérante Carla Saloca. Ouvert pour les curieux, mais surtout pour les visiteurs dont le bateau est resté à quai. Les navigateurs du lieu, eux, viennent chaque jour contrôler leur embarcation et régler les amarres pour que la longueur des cordes reste adaptée au niveau de l’eau. Une nécessité surtout pour les bateaux qui ne sont pas attachés à des pontons flottants.

Vendredi, le niveau du lac de Neuchâtel, lui, montait à un rythme d’environ 1 cm par heure. Le Groupe E coupait les installations électriques basse tension les unes après les autres aux abords des rives entre Cheyres et Cudrefin, jusqu’à ce que le niveau du lac redescende. Une mesure préventive afin d’écarter tout danger, l’eau et l’électricité ne faisant pas bon ménage.

Habitations sans électricité

Hier mercredi, les interruptions de courant étaient toujours en cours. «Les habitants concernés doivent s’attendre à devoir patienter plusieurs jours avant d’être à nouveau alimentés en électricité», communiquait le Groupe E. Ces coupures concernent une centaine d’habitations, principalement des chalets situés au bord du lac, ainsi que des habitations et des campings. «Il est difficile de dire à quel moment le courant pourra être entièrement rétabli, cette opération étant dépendante de la vitesse de décrue du lac. A l’heure actuelle, seules les installations publiques prioritaires sont alimentées par des groupes électrogènes, comme les STEP ou les installations de pompage, par exemple.»

Le beau temps depuis samedi laisse apparaître une très lente amélioration: le canal de la Thielle reprenait son flux normal et la situation se stabilisait lundi. Mercredi, les lacs n’étaient redescendus que d’un centimètre à 430,70, selon Jean-Christophe Sauterel, chef de la communication de l’état-major cantonal de conduite vaudois (EMCC).

Les mesures, interdictions et autres avis de prudence restent en vigueur. De nombreuses zones sont toujours inondées dans la Broye tant côté vaudois que fribourgeois. «Une situation normale est attendue dans une dizaine de jours», selon l’Etat de Vaud.

«Les dangers et risques liés aux crues des lacs et cours d’eau sont toujours bien présents dans le canton», communiquait de son côté l’état-major Umbrella 21 fribourgeois en début de semaine. La bise force 4 annoncée pouvait provoquer des vagues sur les lacs pouvant par endroits atteindre jusqu’à un mètre de haut. Le risque de nouveaux sinistres était prévisible. Un danger réel de chutes d’arbres subsistait aussi dans les zones forestières inondées, en particulier lors d’épisodes venteux.

En attendant la deuxième phase

Ces derniers jours, les sapeurs-pompiers vaudois ont comptabilisé 160 interventions en lien avec la crue notamment pour sécuriser les infrastructures publiques telles que STEP, réseaux d’eau potable ou stations électriques. La police a totalisé 47 interventions liées aux intempéries notamment pour des routes inondées, des chutes d’arbres et autres éboulements.

Côté fribourgeois, l’intervention des pompiers a été sollicitée à une cinquantaine de reprises pour des inondations d’habitations, de caves et d’autres locaux.

Les pompiers seront encore davantage sollicités dans un deuxième temps. «L’étape d’après sera d’assurer la remise en état des lieux une fois que l’eau sera redescendue. Pour l’instant, il ne sert à rien de vider les caves de locaux entourés d’eau», note Jean-Christophe Sauterel. Avec le retrait des eaux, des glissements de terrain sont possibles à différents endroits, relève pour sa part l’organe de conduite fribourgeois.

Eau à bouillir à Faoug

La police du lac patrouille également sur les plans d’eaux. Dimanche, un homme de 62 ans qui pratiquait du kitesurf sur le lac de Neuchâtel à hauteur de Portalban, malgré l’interdiction de naviguer, a été interpellé et sera dénoncé à l’autorité compétente. Plusieurs autres kitesurfers ou paddlers ont tenté de s’aventurer sur le lac. Les patrouilles présentes les ont invités à rebrousser chemin.

De son côté, la commune de Faoug communiquait mardi à sa population un risque de contamination de l’eau potable. A titre préventif et en attendant les résultats des analyses en cours, elle conseille aux habitants de bouillir l’eau avant de la boire. «Nous mettons tout en œuvre pour revenir à une situation normale le plus rapidement possible», souligne la Municipalité. «Cette situation pourrait cependant perdurer pendant plusieurs jours.»

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