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L’estimation des nuisances du nouvel avion de combat ne convainc pas

L’Association pour la sauvegarde des intérêts des communes broyardes touchées par l’aérodrome militaire de Payerne conteste les conclusions du rapport succinct sur les mesures de bruit et étude d’impact du F-35A qui assure que le niveau de nuisances restera constant.

L’émission sonore du nouvel avion se caractérise par davantage de basses fréquences et est estimée de 3 dB plus forte que celle de l’actuel F/A 18 selon le rapport sur les mesures de bruit et étude d’impact du F-35A.Photo lockeed martin/a

Isabelle  Kottelat

Isabelle Kottelat

2 mars 2023 à 01:00

L’estimation a été faite à la légère. C’est, grossièrement raccourcie, la réaction de l’Association pour la sauvegarde des intérêts des communes broyardes touchées par l’aérodrome militaire de Payerne (Asic) auprès du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) suite à la prise de connaissance du rapport succinct sur les mesures de bruit et étude d’impact du F-35A, le nouvel avion de combat qui remplacera le F/A-18.

Ce rapport arrive à la conclusion que le niveau d’évaluation des nuisances demeurera constant: si le F-35A sera bel et bien plus bruyant en termes de décibels que l’actuel F/A-18, les mouvements des avions, c’est-à-dire l’activité de vol, seront diminués par deux pour compenser. Mais l’Asic remet en cause la méthodologie des mesures de bruit des nouveaux avions de combat: insuffisante et inadéquate pour définir l’impact sonore entre les futurs aéronefs et les actuels F/A-18 et F5, juge-t-elle. «Nous estimons que ces mesures, qui ont été faites dans des conditions idéales, ne sont ni fiables, ni suffisantes pour pouvoir justifier que l’impact du bruit sera le même», souligne Cédric Péclard, président de l’Asic. Insuffisantes aussi pour élaborer un nouveau cadastre du bruit.

Une incidence sur les zones plus proches de la piste

«Il est possible de constater, suivant la source, que les différences entre le bruit émis par le F/A-18 et le F-35A sont plus élevées que les 3 dB cités. Lorsque les avions sont au sol (roulement), ladite différence est plus élevée qu’en vol. Cela aura donc un impact sur les zones plus proches de la piste, en particulier à Morens», relève l’Asic dans son courrier adressé au DDPS.

L’association fait aussi remarquer qu’il faut comparer ce qui est comparable, c’est-à-dire des vols qui se déroulent dans les mêmes conditions, car l’incidence sonore des vols diffèrent selon la manière de piloter, l’équipement de l’appareil ou la situation atmosphérique.

L’Asic note encore que dans le rapport ce sont pour l’essentiel les F/A-18 et les F-35A qui sont comparés, alors que le F5 est encore utilisé et que le bruit qu’il produit est pris en compte dans le cadre du cadastre du bruit. «Si, en plus du F/A-18, on remplace l’activité liée au F5 par celle du F-35A, l’accroissement dont il sera alors question sera nettement plus élevé que 3dB.»

Des basses fréquences qui passent à travers les murs

Par ailleurs les nuisances sonores des deux appareils n’ont pas les mêmes caractéristiques: l’émission sonore du F-35A montre une part plus importante de basses fréquences que pour le F/A-18. Un type de fréquences qui, s’il est moins pris en compte par l’appareil auditif, a comme particularité de passer de manière plus marquée à travers toute paroi et en particulier une façade, pointe l’Asic. Avec, pour conséquence, que le bruit perçu à l’intérieur des appartements et de tout autre local sensible sera plus élevé avec le F-35A qu’avec le F/A-18.

L’Asic demande ainsi au DDPS de vérifier que le niveau sonore du F-35A est bien seulement 3 dB plus élevé que la valeur moyenne qui correspond à l’activité actuelle (F/A-18 et F5). Et d’attester que l’activité sera réduite dans une proportion qui compense exactement l’augmentation du niveau de bruit. Elle exige aussi de faire partie intégrante des discussions avant la mise à l’enquête concernant le cadastre du bruit en lien avec le nouvel avion de combat. Les premiers F-35A sont prévus dès 2025 et la mise à l’enquête du nouveau cadastre du bruit devrait arriver dans 2 ans, estime Cédric Péclard.

«Il apparaît également nécessaire de planifier les horaires de vol (qui seront vraisemblablement diminués de moitié) de concert avec les riverains représentés par l’Asic. En effet, il s’agit de cultiver au mieux le vivre-ensemble en organisant dans la mesure du possible les nuisances en fonction de la vie courante quotidienne et sociale des riverains», conclut l’association broyarde.

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