Logo

Actualité

Opération sauvetage en cours

Rainettes vertes, grenouilles rousses et crapauds, entre autres, s’apprêtent à entreprendre une migration périlleuse. La traversée de la route s’annonce bien souvent fatale. Des bénévoles s’activent pour leur sauver la vie.


Jean-Michel  Zuccoli

Jean-Michel Zuccoli

2 mars 2023 à 01:00

On n’imagine pas tous les risques que les grenouilles prennent chaque année pour assurer leur descendance! Entre le virage à la sortie de Chabrey et le début du village de Champmartin, leur mission printanière, la migration, s’avère un vrai parcours du combattant, leur vie finissant trop souvent sous les roues des véhicules empruntant la route principale. «On avait mis des panneaux invitant les automobilistes à ralentir dans cette zone. A 30 km/h, il n’y a pas l’effet de souffle qui attire les batraciens sous le véhicule», explique Antoine Gander, biologiste à l’Association de la Grande Cariçaie et responsable des suivis de la faune. La démarche n’a pas eu un grand succès. «Il a dû y avoir des collectionneurs de panneaux à batraciens», suppose-t-il. La solution de poser des passages sous-voies pour les batraciens, des crapauducs, s’est révélée également trop compliquée sur ce secteur, les terrains avoisinant de la route appartenant à des privés.

Grâce à une initiative d’Agnès Borgnana Grin de Gletterens, soutenue par l’Association de la Grande Cariçaie et Pro Natura, un groupe de bénévoles s’active depuis 15 ans environ pour sauver la vie de ces espèces migratrices. «Nous posons des barrières sur 300 m le long de la lisière de forêt pendant la phase de migration», explique Antoine Gander. 20 seaux y sont enterrés avec un système de sécurité qui ne permet pas aux prédateurs (sangliers et putois) de batraciens d’en faire leur casse-croûte. «Les bénévoles relèvent les barrières chaque matin. Ils déposent les grenouilles et crapauds de l’autre côté de la route, tout en effectuant un comptage destiné à déterminer le nombre d’espèces présentes dans le secteur», précise-t-il. Un travail qui se fait au printemps sur 2 à 3 mois et qui vient de débuter la semaine dernière. «On trouve en moyenne entre 50 et 60 individus par jour», précise-t-il.

La migration périlleuse

De leur habitat hivernal, dans le bois de Charmontel et Plan Bois, les amphibiens migrent chaque printemps en direction des rives du lac, la réserve de Grèves de la motte étant propice à la dépose des œufs. «C’est la zone où il y a le plus grand nombre d’une espèce menacée: la rainette verte. L’abondance de ces prairies inondées est pour elle un habitat favorable», cite à titre d’exemple Antoine Gander.

Parmi les premières à prendre leur «courage à quatre pattes»: la grenouille rousse. «La migration dépend de la température au sol qui ne doit pas être gelé. Lorsqu’elle se situe entre 4 et 5° C en début de nuit, additionnée d’une certaine humidité, le processus de migration s’enclenche», informe Antoine Gander. Le spécialiste relève que les batraciens sont en général fidèles à leur site de reproduction.

La route: un obstacle à franchir

Si les voies de communication sont l’ennemi numéro un des batraciens, d’autres paramètres jouent un rôle dans leur processus de survie. L’agriculture intensive, les prédateurs issus de la faune et les conditions météorologiques peuvent avoir des conséquences néfastes pour eux. «S’il fait trop sec au printemps, les femelles lâchent leurs œufs dans leur habitat d’hiver en attendant l’année suivante pour assurer leur descendance», note Antoine Gander.

Autre problème, l’absence de pluie au printemps qui assèche les gouilles servant de lieu de dépose des œufs. «Les grenouilles rousses, par exemple, sont des opportunistes qui pondent n’importe où comme dans des ornières creusées par des machines ou dans des flaques», note le spécialiste. Sans oublier la durée courte ou tardive de reproduction selon l’espèce et la remontée vers l’habitat d’hiver, aussi périlleuse. Mais grâce au dévouement de ces bénévoles, grenouilles rousses, crapauds et rainettes vertes peuvent espérer dans ce secteur un avenir un peu plus serein.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus