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Quand la vénérable abbatiale servait de relais

Il y a 108 ans, on communiquait de l’abbatiale à la tour Eiffel.

Gustave Blankart était aussi fabricant d’appareils de précision, à l’image de cet hygromètre Blankart en parfait état de marche, retrouvé cette année par le Payernois Germain Conchin.

Rémy Gilliand

Rémy Gilliand

6 août 2020 à 02:00

Tandis que la vénérable abbatiale a été enfin rouverte aux visites, après des années de restauration, il est opportun de revenir sur son passé, de bonne à tout faire. L’église fut prison, loge des pompes, grenier, dépôt, avant de redevenir un édifice religieux et un musée. On lui a tout fait subir et elle est toujours là, fière et pimpante. Par contre, en fouillant dans les archives, nous avons aussi découvert que l’édifice avait servi de laboratoire à un essai quelque peu surprenant. Une expérience que relatait le défunt Journal de Payerne, dans son édition du 7 février 1912 et que l’on devait à un Payernois. Laissons place au chroniqueur de l’époque: «On a pu voir depuis quelques jours que la flèche de notre clocher s’était augmentée un peu au-dessous du coq d’une barre horizontale. Il s’agit là d’une une installation de télégraphie sans fil et d’expériences intéressantes entreprises avec un plein succès par notre concitoyen Gustave Blankart, fils.»

Visiblement celui-ci s’était fait une spécialité de ces questions de télécommunications. Il avait d’ailleurs adapté pratiquement la télégraphie sans fil à un ingénieux appareil pour pianos automatiques. Ce géo-trouvetout local a pensé que l’on pourrait recevoir à Payerne les signaux horaires envoyés de Paris par la télégraphie sans fil. Des expériences concluantes du même genre avaient été faites à La Chaux-de-Fonds, relevait le journal local.

«En effet, depuis que les progrès réalisés ces dernières années permettent de transmettre, par télégraphie sans fil, des signaux à plusieurs milliers de kilomètres, ce merveilleux procédé est utilisé pour envoyer aux ports et aux navigateurs l’heure exacte de Paris, depuis le poste de la tour Eiffel.»

A l’époque, tandis que le téléphone était encore rare, on précisait que cet important service de signaux horaires avait trouvé également sur Terre d’utiles applications, puisqu’il permettait la remise à l’heure des horloges. Et cela tombe bien, puisque notre Gustave Blankart était aussi horloger et avait pignon sur la Grand-Rue, avec une arrière-boutique qui donnait justement sur l’abbatiale (photo).

Ainsi M. Blankart avait décidé d’installer au clocher et sur la flèche, avec l’autorisation de la direction des Télégraphes et à titre d’essai, un poste récepteur captant les ondes électriques émises par le poste émetteur de la tour Eiffel. «C’est ainsi que l’on reçoit maintenant à Payerne, chaque jour par télégraphie sans fil au moyen de signaux qu’il serait trop long de décrire, l’heure de Paris et des indications météorologiques. La réussite parfaite de ces expériences fait grand honneur au travail et à la persévérance de notre jeune concitoyen», se gaussait l’auteur de l’article.

Si Gustave Blankart avait eu l’autorisation de la direction des Télégraphes, il avait aussi eu l’assentiment de la Municipalité de Payerne. Celui qui était mécanicien électricien avait demandé l’autorisation par lettre du 9 février 1912 de pouvoir continuer ses essais de télégraphie sans fil du clocher de l’église abbatiale. Auparavant, il n’avait qu’une autorisation provisoire de M. Assal, municipal. La Municipalité avait chargé ce dernier d’examiner la chose sous divers points, notamment du danger d’incendie par la foudre et de personnes fumant dans les locaux utilisés. 118 ans plus tard, le clocher n’a pas pris feu et les moyens de communication ont bien changé.rg

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