Logo

Actualité

Rien ne peut arrêter la jeune Albina Kurtisi

Une tête bien faite et une volonté de fer permettent à Albina Kurtisi de tracer sa route avec succès. D’un joli coup de plume, elle vient de publier son premier roman autobiographique Au nom de mon père. Albanaise, de Macédoine, elle y raconte la guerre, l’exil, et son arrivée en Suisse à 6 ans. Rencontre.

«L’écriture a été un exutoire, ma roue de secours. J’ai de la chance d’avoir eu ça très tôt.» Si Albina Kurtisi raconte son parcours exemplaire, fait de courage et de résilience, c’est pour transmettre un message aux jeunes filles et jeunes hommes. «Il faut toujours y croire et même dans la pire des situations, on peut y arriver. Mais c’est important de bien s’entourer. Et pour ceux qui aiment écrire mais n’osent pas publier, ils doivent essayer, se lancer et garder espoir.»

Ludmila  Glisovic

Ludmila Glisovic

15 décembre 2022 à 01:00

De ses rêves, Albina Kurtisi construit une réalité. Toute fine, elle paraît fragile. Mais alors qu’elle parle avec calme et douceur, ses doigts graciles virevoltants, elle se révèle déterminée, solide. Les obstacles, elle les surmonte.

Depuis l’enfance, la jeune femme de 27 ans n’a jamais baissé les bras. Toujours, elle fait face à l’adversité et travaille d’arrache-pied pour atteindre ses objectifs. Cette détermination, elle la doit à sa famille, à sa maman, Feride, à ses grands-parents, aujourd’hui disparus, et à son père, Avni, auquel elle a dédié son premier livre, Au nom de mon père. «Mes parents ont toujours cette présence. Nous sommes hyperfusionnels. Mon roman est un clin d’œil à mon papa. Grâce à lui, je n’ai jamais rien lâché. Il m’a toujours dit que j’avais ce qu’il fallait pour faire face», confie-t-elle.

Son livre, c’est évidemment aussi son histoire. La guerre qui éclate en 2001 dans son pays d’origine, la Macédoine, alors qu’elle n’a que 6 ans. Les bombardements, les caves qui servent de refuge et qui résonnent de pleurs, de tristesse, où la peur rampe silencieusement dans l’obscurité. «L’ambiance était lourde. Il fallait fuir, tout le temps, changer de cachette. C’est dur de ne pas savoir où on dormira le soir même», se souvient-elle.

Le bonheur dans un cocon familial

Avni n’est pas avec sa famille. Ouvrier, il travaille en Suisse avec un permis B, ce qui lui permettra de faire venir ses parents, sa femme et leurs trois enfants. «Nous habitions tous ensemble en Macédoine et à Moudon nous avons continué, nous avons vécu à 7 dans un tout petit appartement. Ce sont les plus belles années de ma vie!»

Hors de ce cocon familial, elle se sent déracinée. «En tant que femme, j’ai eu plus de chance que si j’étais restée en Macédoine. C’est aussi quelque chose qui m’a poussée vers l’excellence», explique celle qui désire plus que tout être un exemple pour les jeunes qui doutent. «J’ai envie qu’ils se disent: elle a réussi, alors moi aussi je peux.»

Une intégration parfois douloureuse

«Mon premier jour à l’école à Moudon a été trop dur. Je ne parlais pas le français et, alors que des enfants de la classe m’entouraient, un petit garçon m’a pointée du doigt en parlant. Tout ce que j’ai compris a été: terroriste, se souvient-elle. J’ai très vite décidé que je ne devais pas me victimiser et faire des préjugés une force. Je me suis forgé un caractère résolu et j’ai appris à ne jamais abandonner.»

«J’ai beaucoup aimé l’école où j’ai rencontré de bons profs qui m’ont motivée à écrire. D’autres ont été rabaissants. Ça aurait pu me casser», note Albina. Elle se battra et travaillera sans compter, plus que les autres, pour se mettre à niveau.

Ainsi, à la fin de sa scolarité obligatoire, elle entreprend un apprentissage de commerce dans un cabinet d’avocat lausannois. Après ces trois ans, elle fait une matu professionnelle de commerce en travaillant à 60%. Puis elle réussit l’examen complémentaire passerelle dubs vers les hautes écoles universitaires. Elle se spécialise en gestion d’entreprise personnelle et droit du travail. Elle sera engagée au Tribunal cantonal vaudois, comme collaboratrice en droit civil, puis elle obtiendra un poste similaire au Palais fédéral. «Depuis le mois de juin, je découvre un nouveau monde. Je travaille au Département fédéral des affaires étrangères à Berne, souritelle. C’est hyperintéressant et j’aimerais approfondir mes connaissances dans le domaine de la politique internationale.»

En attendant, un deuxième roman est en préparation. «Il traitera, de manière romancée, le mobbing dont j’ai été victime lors de mon apprentissage.» Albina Kurtisi a, sans aucun doute, une tête bien faite et une volonté de fer!

Son livre Au nom de mon père, chez Vérone Editions, est disponible en librairie.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus