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Sauver l’arche de Noé

Préserver les zones marécageuses en limitant l’avancée de la forêt sur le bord des rives nécessite des travaux relativement importants avec une machine spéciale.

Elbotel, la grosse machine à chenilles, créée spécifiquement pour la Grande Cariçaie dans les années 1980, avalera 50 hectares de prairie marécageuse d’ici à la fin février 2021. Des bottes de paille qui serviront notamment à des filières de paillage pour les platebandes de la ville d’Yverdon-les-Bains, explique Gaëtan Mazza.Photo isabelle kottelat

Isabelle  Kottelat

Isabelle Kottelat

3 décembre 2020 à 01:00

«On essaye de maintenir cette arche de Noé. C’est un sanctuaire pour beaucoup d’espèces qui étaient auparavant bien plus présentes chez nous. Si on ne fait rien, dans 15 ou 20 ans, la forêt envahira tout et on perdra ces espèces dans la Grande Cariçaie. Donc on les perdra pour l’ensemble de la Suisse.»

C’est pour ça que depuis le début novembre et jusqu’à la fin février, de gros travaux d’entretien sont entrepris dans les réserves de la Grande Cariçaie, comme l’explique le responsable des travaux à l’association de la Grande Cariçaie Gaëtan Mazza. Des travaux de fauchage particuliers effectués par une grosse machine équipée de chenilles. La technique est utilisée depuis plus de 30 ans: il s’agit de faucher 55 hectares de prairies marécageuses entre Cudrefin et Yvonand.

Un cycle de 4 ans

Cette opération n’est pas réalisée chaque année mais selon un tournus sur un cycle de 4 ans. D’autres parcelles de prairie (50 hectares) sont fauchées tous les trois ans par des agriculteurs avec des moyens traditionnels. «Mais pour les parties les plus humides, il faut des machines sur chenilles qui ont moins de portance. Les tracteurs, eux, s’enfoncent», précise Gaëtan Mazza.

Lutte contre l’embuissonnement

En outre, de l’arrachage mécanique est également pratiqué pour maintenir les marais ouverts. L’objectif est de lutter contre l’embuissonnement et limiter la domination d’espèces comme le roseau ou la marisque.

«Depuis la deuxième correction des eaux du Jura, il n’y a quasiment plus de fluctuation du niveau du lac, donc plus d’inondations à répétition dans les prairies. Du coup, ça permet aux buissons et à la forêt d’avancer sur les marais. Et ces surfaces marécageuses sont d’une valeur biologique plus importante que la forêt», souligne Gaëtan Mazza.

Avant ces deux corrections des eaux du lac, on avait un immense marécage sur une bonne partie de la plaine, de la région des Trois-Lacs. Après, la seule zone restante où toute la faune et la flore se sont réfugiées, c’est la Grande Cariçaie, qui abrite un grand nombre d’espèces rares et menacées qu’on ne trouve nulle part ailleurs en Suisse. Comme le héron pourpre, la libellule déesse précieuse ou l’orchis des marais, le gastéropode hélice luisante ou la gentiane pneumonanthe, énonce Gaëtan Mazza, avant de conclure: «Depuis le lac, l’érosion, par le vent et les vagues, mange les marais. Depuis la terre, ce sont les forêts de falaises qui avancent.»

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