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Soutien souhaité pour un nouvel acte

Après 21 saisons culturelles, l’équipe bénévole du Théâtre Hameau-Z’Arts souhaite bénéficier d’une professionnalisation de sa structure. Elle demande à la commune une augmentation de sa subvention, afin de pérenniser l’avenir de ce haut lieu culturel payernois.

Christian et Marielle Friedli aimeraient que le livre d’or de leur théâtre puisse encore s’étoffer de nombreuses pages. Mais ils ont besoin d’un second souffle, plus professionnel.Photo rémy gilliand

Rémy  Gilliand

Rémy Gilliand

20 octobre 2022 à 02:00

En pénétrant dans le tunnel construit il y a près de 60 ans qui passe sous la route Lausanne-Berne, on s’aperçoit que ses murs sont recouverts des affiches de tous les spectacles donnés à Hameau-Z’Arts depuis l’an 2000. Et c’est impressionnant. Silvant, Lambiel, Cuche et Barbezat, Recrosio, Brigitte Fossey, Marie-Christine Barrault, Les Peutch, Sandrine Viglino, Thomas Wiesel, Nathanaël Rochat… La liste est sans fin.

En juillet 2000, Marielle et Christian Friedli inauguraient leur théâtre sur les hauteurs de Payerne, et c’est justement le regretté François Silvant qui en fut le parrain. Au fil des ans, le café-théâtre s’est forgé une sacrée réputation. «On a appris sur le tas, avec l’aide de tous», commente Marielle Friedli.

En vingt-deux ans, Hameau-Z’Arts c’est 220 spectacles, 700 soirées et 55 000 spectateurs. «Tout va bien, la situation tout comme l’état du bâtiment, tout est sain. L’équipe est là, il faut juste le carburant, signale Christian Friedli, président, fondateur et propriétaire de HZA. Et c’est justement quand tout va bien, qu’il nous paraît opportun de passer le témoin. Il nous faut du renfort, car si on continue comme ça, on court à l’épuisement. Jusqu’à présent toute l’équipe a travaillé bénévolement, avec quelques défraiements pour les repas et les nettoyages. La culture ne rapporte rien, nous ne sommes pas un stade de foot avec 50 000 spectateurs. Ici, avec une salle de 100 places et des spectacles à 30 francs, ça ne paie même pas le cachet de l’artiste», souligne Christian Friedli.

Pourquoi 50 000 francs de plus?

Le comité s’est approché de la Municipalité pour évoquer la solution d’augmenter la subvention. HZA reçoit chaque année 15 000 francs de subsides et ce sont 50 000 francs qui sont demandés en plus. Mais pourquoi?

«Cela fait deux ans que nous préparons cette pérennisation. Et ce qu’il nous manque, c’est une structure professionnelle pour gérer les spectacles», explique Marielle Friedli, qui s’occupe de l’administration depuis le début.

Le théâtre a pris contact avec la société Jokers Comedy, qui est en charge de l’accompagnement et du suivi des artistes de la nouvelle génération de l’humour romand. Depuis 2017, elle produit des spectacles et événements spéciaux. Cette augmentation de la subvention servira uniquement au fonctionnement de la saison (cachets, publicité, salaires, frais administratifs, factures techniques, paiements de droits divers, de la taxe communale sur les spectacles) et aux charges usuelles de la location du bâtiment par l’association HZA. «Cette structure nous permettrait une gestion professionnelle des saisons. L’entité reste payernoise, mais le côté artistique serait en main de Jokers. En contrepartie, Jokers profite de la plate-forme que représente le théâtre pour permettre aux artistes avec qui elle collabore de jouer ou de créer des spectacles», précise le président.

Véritable plaque tournante

«Hameau-Z’Arts est un lieu de passage incontournable pour les artistes romands. On s’y sent comme à la maison. C’est un lieu de création, chaleureux et familial, souligne Sébastien Corthésy, cofondateur de Jokers Comedy, qui fédère une bonne dizaine d’humoristes. Il est important que ce lieu puisse perdurer, mais il faut professionnaliser la structure et nous sommes là pour les accompagner. Il aura fallu 20 ans pour créer ce lieu de référence. 20 ans d’un travail impeccable, familial et professionnel. Payerne est devenu une véritable plaque tournante de l’humour romand. Un cadeau pour le public et les artistes», ajoute le producteur vaudois, qui est présent ces temps-ci à HZA avec l’équipe de la Revue de Lausanne, en pleine répétition de son prochain spectacle.

«Avec Jokers, notre théâtre sera plus vivant et fonctionnera toute l’année», se réjouit Christian Friedli.

En cette fin d’année, le Conseil communal payernois devra se prononcer sur cette augmentation de subvention importante qui représenterait un montant annuel de 65 000 francs dès 2023 et sur une durée de trois ans. «C’est important, oui, mais en même temps si Payerne devait se payer une structure théâtrale, cela coûterait bien plus cher. Ici, tout est en place», nuance Christian Friedli. Hameau-Z’Arts bénéficie d’autres subventions culturelles (Loterie romande, BCV).

«Cela fait 20 ans qu’on est là et c’est une opportunité pour le rayonnement de notre ville», renchérit Marielle Friedli.

C’est une chance

Municipal responsable, Edouard Noverraz sait bien qu’une telle aide financière suscite des questions dans le Landerneau. «Nous avons un joyau ici, un véritable tremplin pour les artistes romands. C’est une chance d’avoir ce théâtre, et j’ai l’impression que certains payernois ne s’en rendent pas compte. Nous n’aurions jamais les moyens de nous payer un tel pôle culturel. Ce serait dommage de passer à côté de quelque chose», réagit Edouard Noverraz.

«Un jour, une vieille dame est venue pour la première fois. A la fin du spectacle, elle est arrivée vers moi. J’ai cru qu’elle était fâchée, qu’elle avait eu froid, ou qu’elle était mal placée, mais elle m’a dit: votre théâtre a une âme. Elle est devenue une fidèle spectatrice et m’a offert la plus belle récompense en me disant: Si vous saviez comme on est bien quand on repart de chez vous», dit, ému, Christian Friedli.

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