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Trop d’eau et du mildiou, les cultures ont ramassé

Grosse pertes de rendement: l’agriculture va payer cher les importantes et longues précipitations. Le point avec un maraîcher et un viticulteur.

Sur les hauts de Cheyres, Julien Michel montre des grappes attaquées par le mildiou.

Isabelle  Kottelat

Isabelle Kottelat

22 juillet 2021 à 02:00

«En 24 ans que je fais ce métier, je n’ai jamais vu ça.» Au milieu de ses 7 hectares de cultures maraîchères à Sédeilles, Urs Gfeller est dépité. La terre est gorgée d’eau, rien ne pousse. Les légumes d’aujourd’hui en sont encore au stade de plantons.

«Plantes et racines ont besoin d’oxygène. Avec toute cette eau, la vie microbienne du sol est asphyxiée. Le tabac, le maïs, les pommes de terre, même les prairies commencent à jaunir. Les plantes survivent avec une période de pluie de quelques jours, mais là c’était trop long», explique l’agriculteur bio.

Croissance stoppée

Et juillet est un mois particulièrement important pour les légumes de garde comme les courges, les céleris, les carottes, les panais, les choux. «Ils ont perdu un temps précieux de croissance qu’on n’aura pas en octobre, à moins d’un automne à 30 degrés.»

Pour lui, le constat est amer, il n’y aura plus assez de temps pour que ses légumes arrivent à maturité. Ou atteignent un calibre normal. Il table sur une perte de rendement de 40 à 50%, à moins d’un mois entier de chaleur à venir et d’un bon septembre qui réduirait la casse à 30%.

Mais d’une nature optimiste, Urs Gfeller lève les yeux vers le ciel et prie pour que le soleil et le chaud s’installent durablement. Pragmatique aussi, il a déjà désengagé le personnel qui vient d’habitude travailler chez lui justement pour les récoltes.

Pour son exploitation, c’est jusqu’ici une double peine: «un printemps pourri où on n’a pas pu mettre en place les légumes comme habituellement qui a enchaîné avec un été pourri.» Le froid et la pluie ont bloqué ses cultures, y compris celles sous serre. Avec la couverture nuageuse, tomates, aubergines et concombres n’ont pas mûri. «L’autre jour au marché, c’est la première fois que je n’avais plus rien à vendre à 8 h du matin», soupire-t-il, espérant que les consommateurs prennent conscience de la dépendance à la météo de tels produits dont la qualité peut s’en ressentir. Et qu’ils continueront à soutenir l’agriculture locale.

Année viticole compliquée

Trous et taches dans les feuilles, grains minuscules ou dévorés: plus proches du lac, les vignes vivent aussi une année compliquée. «Après la grêle, avec ce long temps trop humide et pas très chaud, c’est le mildiou qui frappe et il est très virulent», s’inquiète Bernard Pillonel, président de l’Association des vignerons broyards (AVB).

Ce champignon qui aime l’eau attaque les feuilles et les jeunes grappes. «Certaines parcelles sont touchées de 20 à 30%. Et la récolte cette année ne s’annonçait déjà pas grosse.»

Les beaux jours qui sont arrivés vont aider, le sec et le chaud brûlent les spores.

Le pinot noir, très répandu dans la région, est un cépage particulièrement sensible aux maladies. «Et on est obligé de traiter, sinon on perd l’entier de la vendanges», ajoute le vigneron, distillateur, arboriculteur et commissaire viticole pour l’AOC Cheyres Julien Michel, qui avoue ne pas souvent voir de tels dégâts. Si le cuivre et le soufre sont favorisés, il précise que cette année, les vignerons broyards ont quand même dû procéder à deux applications de produits de synthèse.

Pour lui, il faudrait habituer les consommateurs à d’autres cépages. S’il en existe aujourd’hui peu de résistants, le divico est de ceux-là. «Un cépage d’avenir à ce niveau-là», note le vigneron.

«Au moins, le mildiou ne porte pas atteinte à la qualité du vin, contrairement à l’oïdium, un autre champignon qui lui aime les plus de 30 degrés. Et donne un faux goût au vin», tempère Julien Michel, en concluant: «Avec tout ce qu’on a eu cette année au niveau météo, on s’en sort encore bien.»

 

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