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Un adieu convivial à l’ours bernois

MARCHE Devenu fribourgeois, le petit village bernois de Clavaleyres ralliera Morat le 1er janvier 2022. L’occasion d’une ultime Marche des trois cantons, à l’image de celle qui avait réuni en 1969 les habitants de Faoug, Chandossel et Clavaleyres.

Une délégation d’habitants de Clavaleyres et de Faoug, emmenée par un Ruedi Reber déployant les armoiries de la petite commune bernoise: la patte de l’ours tenant fermement la clé de Clavaleyres.Photos Pierre Köstinger

Pierre  Köstinger

Pierre Köstinger

18 novembre 2021 à 01:00

Barre de chocolat, trottinette et large sourire sous le casque, le jeune Timéo est paré pour une virée historique. Ce tour, baptisé la Marche des trois cantons, avait été réalisé une unique fois en 1969 par le Chœur mixte de Faoug, pour réunir les habitants de Faoug, Chandossel et Clavaleyres. Trois villages pour trois cantons: Vaud, Fribourg et Berne.

Seulement voilà, la localité bernoise de Clavaleyres, forte d’une cinquantaine d’âmes, est devenue fribourgeoise en janvier dernier et intégrera la commune de Morat le 1er janvier 2022. C’était donc la dernière occasion, pour la commission Culture, loisirs et tourisme (CCLT) de Faoug, d’organiser cette ultime marche à cheval sur trois cantons.

«Pour moi qui ai toujours habité à Faoug, c’est un petit changement, mais c’est surtout une belle occasion de balade», commente le père de Timéo, Marcel Zumbrunnen. Samedi 13 novembre, entre 10 h et 14 h, une huitantaine d’habitants des trois villages ont pris part à ce tour de six kilomètres. Au départ de Faoug, devant la Faoug’rmilière, les membres de la CCLT offraient café, thé, pain et chocolat.

Des liens de longue date

«C’est un honneur que la commune organise quelque chose pour marquer le changement!» Ruedi Reber vient d’arriver à Faoug, avec son épouse Véronique et une petite délégation venant comme lui de Clavaleyres. Ruedi Reber porte un drapeau qui, de loin, rappelle celui de Berne. De près, la bannière montre la patte de l’ours bernois tenant la clé de Clavaleyres.

Enclave bernoise d’une cinquantaine d’habitants sur un kilomètre carré, Clavaleyres appartenait au cloître de Münchenwiler avant de devenir une terre bernoise à la Réforme. Aujourd’hui, la fusion avec Morat est une évidence pour les habitants de Clavaleyres, d’autant plus que les précédentes tentatives de rapprochement avec Münchenwiler, autre enclave bernoise, ont échoué.

«Pour un petit village comme le nôtre, la fusion avec Morat est un avantage», souligne Véronique Reber, habituée depuis toujours à sauter les frontières aussi facilement que la barrière des langues. Habitante de Clavaleyres, Sonja Neuhaus, née Meyer, a quant à elle fréquenté l’école de Faoug avec ses huit frères et sœurs. «Cela a été possible grâce à un arrangement entre les cantons de Vaud et Berne.»

Les vignes de Clavaleyres

La proximité entre Clavaleyres et Faoug, qui possèdent le même numéro postal, remonte à loin. «Entre agriculteurs, nous étions habitués à nous côtoyer et nous partagions la même société de laiterie. Nous avons gardé des liens très amicaux», souligne le Faougeois François Cornaz, qui a justement fait le chemin avec ses amis de Clavaleyres.

Depuis Faoug, le tour partait en direction de Chandossel par la route de Villarepos. Arrivés dans ce charmant village fribourgeois qui a longtemps fait partie de la commune de Villarepos, avant de rejoindre Courtepin, les marcheurs repartaient en direction de Clavaleyres. En chemin, une halte a permis de découvrir un endroit improbable: le domaine d’Alfred et Vreni Chervet.

Au lieu-dit Obere Hubel, un domaine riche d’histoire. En vertu d’un vieux droit, il s’agirait du seul endroit, côté sud du lac de Morat, où la culture de la vigne serait autorisée. Les Chervet produisent donc du vin et vendent des fromages produits l’été sur leur alpage de l’Oberland bernois. Alfred Chervet trouve que la fusion avec Morat est une bonne chose, mais reste attaché au caractère historique du lieu: les volets rouge et noir de sa ferme garderont les couleurs bernoises.

Après cette découverte, les marcheurs se sont retrouvés au bois de Mottey pour une soupe et un moment convivial. Chaque participant est reparti avec un certificat signé par les syndics des trois communes. La rencontre a été une réussite pour les membres de la CCLT, qui n’excluent pas de reconduire la rencontre sous une forme ou une autre. Une chose est sûre: ce ne sera plus la Marche des trois cantons.

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