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Un chantier colossal dans les arènes

Cure de jouvence de grande ampleur pour l’amphithéâtre, nouveau musée romain sur les rails. Ces prochaines années, le canton pourrait bien investir quelque 75 millions de francs pour restaurer, conserver et valoriser le passé romain avenchois.

De gauche à droite: Roxanne Meyer Keller, syndique d’Avenches, Philippe Pont, directeur général pour la Direction des immeubles et du patrimoine (DGIP), Pascal Broulis, conseiller d’Etat, Cesla Amarelle, conseillère d’Etat, Denis Genequand, directeur des Site et musée romains d’Avenches, Nicole Pousaz, archéologue cantonale.Photo PK

Pierre  Köstinger

Pierre Köstinger

14 mai 2021 à 02:00

De gauche à droite: Roxanne Meyer Keller, syndique d’Avenches, Philippe Pont, directeur général pour la Direction des immeubles et du patrimoine (DGIP), Pascal Broulis, conseiller d’Etat, Cesla Amarelle, conseillère d’Etat, Denis Genequand, directeur des Site et musée romains d’Avenches, Nicole Pousaz, archéologue cantonale.Photo PK
De gauche à droite: Roxanne Meyer Keller, syndique d’Avenches, Philippe Pont, directeur général pour la Direction des immeubles et du patrimoine (DGIP), Pascal Broulis, conseiller d’Etat, Cesla Amarelle, conseillère d’Etat, Denis Genequand, directeur des Site et musée romains d’Avenches, Nicole Pousaz, archéologue cantonale.Photo PK

Les arènes romaines s’apprêtent à vivre une restauration d’envergure. La bonne nouvelle pour Rock Oz’Arènes et Avenches Tattoo qui occupent le site chaque été, c’est que les deux festivals pourront en profiter encore pour une année et y organiser leurs éditions en 2022. Un retard de calendrier qui donne du souffle à ces manifestations, privées d’édition depuis 2020 à cause du Covid. La mauvaise nouvelle, en revanche, c’est que ce monument d’importance nationale se retrouvera ensuite en travaux pour cinq ans.

«Nous avons étudié différentes possibilités. C’est la meilleure solution que nous ayons trouvée. Le but ne sera pas d’étaler les travaux, mais d’être efficace», a insisté vendredi dernier le conseiller d’Etat Pascal Broulis devant la presse à Avenches. Le chef du Département des finances et des relations extérieures, en charge du patrimoine bâti et archéologique du canton, est revenu sur l’important chantier de conservation et de restauration à venir dans les arènes, dont l’Etat est propriétaire, ainsi que sur le futur nouveau musée (lire ci-contre).

Des millions de francs en vue

Ces travaux de grande ampleur étaient attendus et l’argentier cantonal a articulé des chiffres. Dans les six prochaines années, le canton devrait investir plus de 70 millions de francs pour le patrimoine romain avenchois. Soit une fourchette allant de 23 à 30 millions pour l’amphithéâtre, dont une première phase de l’ordre de 15 ou 18 millions de francs, ainsi qu’un crédit d’ouvrage estimé à 51 millions pour le musée. Dans l’immédiat, le Conseil d’Etat vient de valider un crédit d’étude pour les arènes de 1,33 million, sur lequel devra se prononcer le Grand Conseil.

Une chose est sûre à ce stade: le chantier s’annonce colossal. Les réparations réalisées régulièrement ne suffisent plus. «Les interventions sont de plus en plus complexes et il devient nécessaire d’intervenir de façon profonde», a rappelé Pascal Broulis. Les travaux porteront surtout sur le portail et les voûtes sous la tour médiévale, laquelle abrite l’actuel musée, mais concerneront aussi le secteur des gradins et le mur du podium. Il s’agira de consolider certaines parties, de remplacer des éléments abîmés et de renouveler des mortiers.

Ces interventions seront sûrement les plus profondes depuis 1986, lorsque le site avait été adapté aux manifestations estivales, et les années 1990 avec la restauration de la tour du musée. Humidité, infiltration d’eau, mortiers abîmés par le gel et le dégel. L’usure d’un tel site à ciel ouvert se fait naturellement. La situation est toutefois devenue préoccupante durant l’hiver 2018, avec le décrochement d’une pierre sous la voûte centrale en raison d’infiltration d’eau.

Des fissures ont aussi été remarquées dans le mur entourant la fosse, principalement côté sud. Là aussi l’humidité est en cause. Sur la partie nord-ouest, un vomitoire (bouche d’un amphithéâtre d’où sortait le public) présente des risques d’effondrement. Cette fois, la raison tiendrait surtout dans la mauvaise qualité des matériaux de restauration utilisés dans les années 1970. Archéologue cantonale, Nicole Pousaz fait aussi remarquer que les murs subissent une forte poussée du terrain. «Il s’agira de composer entre les contraintes éthiques de la restauration et le besoin de laisser le lieu utilisable», dit-elle.

La tenue des festivals, au nombre de trois jusqu’en 2019, avant la faillite d’Avenches opéra, fragiliserait en partie aussi la structure, notamment avec le montage et démontage des installations et les vibrations sonores. Pour utiliser le site, ceux-ci versent une redevance de 1% sur le prix du billet.

Pour que vivent les arènes

Les festivals gardent pourtant toute leur place dans les arènes, considère Pascal Broulis, qui souligne l’intérêt que ce lieu «reste vivant». Il relève que le travail se fait en collaboration avec la commune et les utilisateurs. Des solutions seront envisagées pour faciliter les manifestations à l’avenir. Mais le magistrat prévient: «Cela reste un patrimoine que l’on met à disposition. Il ne faut pas inverser le processus.»

Cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, la conseillère d’Etat Cesla Amarelle, en charge des musées du canton, a pour sa part relevé l’importance du volet culturel du futur chantier. Les arènes ne seront pas mises sous cloche durant cinq ans. «Ces actions visent à conserver notre patrimoine cantonal, mais c’est bien plus en réalité, avec une dimension scientifique et la mise à disposition des connaissances au public.»

Elle parle d’un «chantier modèle», qui comprendra de la médiation culturelle. Des visites, organisées régulièrement pour les écoles et la population, permettront d’en savoir plus sur les techniques de rénovation et de conservation d’un monument de cette envergure.

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