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Un cimetière gaulois sort de terre

Plus d’une vingtaine de structures funéraires datant de l’époque celtique ont été mises au jour sur un terrain près du Milavy. Le site a aussi livré des traces d’une occupation plus ancienne, remontant à la période des lacustres.

Sur cette parcelle proche du Milavy à Avenches, les fouilles se poursuivent sous une chaleur accablante.Photos PK/SMRA.
Le site a également livré un grand nombre de monnaies.

Pierre  Köstinger

Pierre Köstinger

11 août 2022 à 02:00

Le soleil tape sans relâche sur les quelques parasols plantés sur ce vaste terrain excavé proche du centre Milavy. Sous ces ombrages de fortune, les archéologues transpirent pour dégager avec patience de nouvelles pièces du puzzle de la riche histoire d’Avenches.

Depuis le printemps dernier, l’équipe des Site et musée romains d’Avenches fouille en effet ce site imposant de par ses dimensions. Sur cette surface de 9000 mètres carrés, dont 7000 excavés, cinq immeubles devraient bientôt sortir de terre. Pour les parkings souterrains, les machines creusent jusqu’à 4 ou 5 mètres sous la surface.

Incinérations et inhumations

«D’habitude, on ne fouille pas à ces profondeurs. Ici, nous avons eu beaucoup de volume de terre à enlever pour faire le travail», explique l’archéologue Hugo Amoroso, responsable des fouilles sur le site. Autre complication, de l’eau se trouvait en profondeur et il a fallu installer un système de pompage pour pouvoir avancer.

Les archéologues poursuivent leur travail sur le terrain, mais les objets trouvés ces derniers mois livrent déjà des renseignements sur les occupations humaines passées, dans cette partie sud-ouest de la ville actuelle. Dans les couches supérieures, à un ou deux mètres de profondeur, plus d’une vingtaine de structures funéraires ont été mises au jour.

Elles remontent à la période gauloise, entre la fin du II

La plupart des tombes contenaient des urnes et des objets tels que des perles de verre ou des fibules. Certaines de ces urnes, dont la taille ne dépasse pas celle d’une noix de coco, contiennent des os calcinés. Pour d’autres la fouille de leur contenu s’annonce compliquée en raison de l’étroitesse de l’ouverture.

«Des radiographies témoignent pour certaines urnes de la présence d’objets de métal, probablement des bracelets», explique Hugo Amoroso. Les défunts étaient-ils des hommes? Des femmes? Et quel âge avaient-ils au moment du décès? Les analyses anthropologiques permettront d’en savoir plus. Mais les archéologues observent déjà que les urnes ne sont pas pleines.

«On sait qu’à cette époque, on ne mettait pas l’entier des restes du défunt dans l’urne», précise Hugo Amoroso, qui espère que les analyses amèneront de nouvelles connaissances sur les pratiques funéraires, ce d’autant plus que l’on connaît peu de cimetières datant de cette période sur le plateau suisse.

De l’ouest vert l’est

Des tombes contenaient aussi des ossements brûlés, sans urnes. Dans une fosse rectangulaire, les archéologues ont trouvé le squelette d’un enfant qui devait être âgé d’environ 18 ou 24 mois au moment de sa mort. «Il ressort de ces découvertes une grande diversité des pratiques», explique Hugo Amoroso.

D’autres éléments de la période celtique et romaine ont été déterrés, dont «énormément de monnaies». Les fouilles ont aussi permis de mettre au jour, dans une fosse, une dizaine de mandibules d’origine animale, probablement des bœufs. Là encore, difficile de connaître la raison de ces dépôts, mais il pourrait s’agir de pratiques rituelles.

Les archéologues s’attendaient à trouver quelque chose sur ce site, car des sondages réalisés en 2016 témoignaient déjà de la présence d’objets romains et gaulois, mais la découverte de cette nécropole est une surprise. Elle donne une indication plus précise sur l’emplacement de l’agglomération gauloise avant l’époque romaine. «On sait que les Gaulois, comme les Romains, enterraient leurs morts en dehors des zones habitées», relève Hugo Amoroso.

Par déduction, et sachant que d’autres tombes gauloises ont déjà été trouvées plus à l’est, vers le Selley, derrière le cimetière actuel, on peut imaginer que la présence gauloise à Avenches devait se concentrer sur la colline et ses abords. Une occupation qui paraît s’être développée de manière continue depuis le milieu du IIe siècle av. J.-C. jusqu’au tournant de notre ère, lorsque la ville romaine se crée, se déplaçant progressivement d’ouest en est.

En fouillant encore plus profond, les archéologues sont tombés sur des éléments témoignant d’une occupation encore plus ancienne, contemporaine des sites palafittiques de la préhistoire.

Restes de jarres écrasés et de foyers à pierres chauffantes, utilisés pour cuire les aliments, ont été trouvés. Ces objets devaient se trouver sur les berges de rivières qui traversaient alors l’endroit. Ces cours d’eau ont charrié nombre de bois. Des troncs, des branches, mais aussi des pièces travaillées comme des pilotis ou des poutres, conservés dans l’eau souterraine lorsque les archéologues les ont trouvés.

Observer la superposition des couches après excavation donne une bonne idée de la succession des différents chenaux qui ont modelé le terrain à cette époque. Dans les parties tourbeuses, plus sombres, les archéologues ont prélevé des pollens qu’ils feront analyser. «Cela nous renseignera sur la végétation et les éventuelles cultures de l’époque», indique Hugo Amoroso.

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