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Un sous-variant pour les Brandons

A quelques semaines des premiers carnavals, petit coup de sonde parmi les quatre événements broyards. Du côté de Payerne, on renverse la vapeur en repoussant le rendez-vous de mars à avril. Les brandons à l’échelle 1/1, ce sera aux Rameaux, sinon rien.

Des couleurs, des sourires, c’est tout ce que le peuple demande après deux ans de diète carnavalesque.Photo r. gilliand/A

Rémy  Gilliand

Rémy Gilliand

27 janvier 2022 à 01:00

Comme l’illustrait dans un de ses sketchs le regretté humoriste François Silvant, «puisqu’on ne peut pas se réunir le 25 décembre, on fêtera Noël à Pâques!»

Depuis deux ans, les Brandons de Payerne sont dans l’impasse, avec deux éditions annulées, dont celle de 2020 le jour même. L’équipe du Comité des masqués a bien tenté de mettre sur pied un charivari en septembre 2021 sur la Base aérienne, mais sans succès. L’édition 2022, prévue du 4 au 7 mars ne peut pas se faire en format 1/1, compte tenu des restrictions qui planent pour l’instant jusqu’au 31 mars.

«Pour nous, il est impensable de faire des brandons en laissant des personnes au bord du chemin, à cause des normes 2G ou 2G+. On aurait pu tenter la soirée du vendredi à la Halle des fêtes, mais il y avait aussi celle du samedi où nous aurions dû imposer des restrictions. Nous étions aussi dans l’impossibilité de faire quelque chose en ville, donc un public privé de cortèges», explique le président du Comité des masqués (CDM), Sylvain Hostettler.

Fatigué par ces incertitudes, mais debout droit dans ses bottes, Vin-Vin a, de concert avec son comité, souhaité repousser d’un mois les brandons 2022 et de les recaler du 9 au 11 avril. «Oui, cela peut surprendre, c’est au printemps, mais c’est toujours dans la période dite de carnaval qui court jusqu’à Pâques», prévient le président. Cette date n’a pas non plus été choisie au hasard, puisque c’est la seule où la Halle des fêtes était libre et l’orchestre français NewZik disponible.

Permettre aux chars de défiler

Un CDM qui ne veut pas de brandons au rabais et qui souhaite proposer une édition dite «normale», avec un loto des écoles le jeudi, la soirée costumée du vendredi, un cortège des enfants le samedi après-midi. «Nous n’avons jamais eu autant d’écoliers inscrits. 830 gamins et leurs maîtresses préparent cette parade. C’est incroyable et c’est autant de raisons pour faire nos brandons plus tard», appuie Vin-Vin. Tandis que le samedi soir, c’est soirée standard à la Halle des fêtes, avec les filets mignons et l’orchestre. Et dimanche, la douzaine d’équipes de constructeurs de chars qui attendent depuis deux ans de pouvoir dépoussiérer leurs constructions, pourra enfin s’ébranler librement. «Nous devons beaucoup à nos chars et guggens et si une fois de plus on ne peut pas leur permettre de défiler, on va perdre cet esprit qui fait le ciment des brandons. Il y a aussi le risque que des équipes renoncent», prévient Vin-Vin.

La liesse carnavalesque 2022 devrait se terminer par la traditionnelle nuit des chineuses dans les bistrots de la ville qui pourraient, eux aussi, respirer un grand coup. C’est du moins ce que tous espèrent!

Réelle attente

Lundi soir, les constructeurs de chars et responsables des guggens ont été conviés à une séance d’information à ce sujet. «J’ai vraiment senti un soutien de leur part pour notre variante du mois d’avril. Il y a une réelle attente, car tous veulent que ça redémarre», positive le président.

Le CDM ne souhaite pas déroger aux traditions de base, même si les brandons ont toujours eu lieu six semaines avant Pâques, soit 40 jours. Là, ces brandons spéciaux tomberaient sur le dimanche des Rameaux, bigre!

Pacore joue le jeu des brandons et repousse les confirmations

Sylvain Hostettler, président du CDM depuis 2007, rompu au dialogue, a donc pris son bâton de pèlerin pour rencontrer le comité de la paroisse réformée Pacore qui siégeait mardi soir.

«Cela fait deux ans que nous ne pouvons pas faire de culte de confirmation aux Rameaux, alors nous sommes repartis pour une 3e année de report, relève Jean-Claude Pradervand, président de Pacore. Sylvain Hostettler et son collègue du comité Stéphane Wenger ont été excellents dans leurs explications. Ils nous ont montré qu’ils avaient tout prévu pour que nous puissions faire ce culte comme prévu. Mais au sein du comité, nous avons réfléchi. Les jeunes confirmands ont sûrement aussi envie de faire les brandons, tout comme leur famille. On ne peut donc pas les priver de cette tradition. Nous avons décidé de décaler les confirmations à une date qui n’est pas encore arrêtée. Quant au culte des Rameaux, nous le déplacerons à Ressudens», signale Jean-Claude Pradervand, joint par téléphone mercredi matin.

Ce sens du consensus émeut le président du CDM: «Ce qu’ils font est fantastique. C’est un bel esprit d’ouverture et nous leur en sommes reconnaissants.»

L’austérité: lointain souvenir

Il est donc bien loin le temps où lors de l’époque bernoise et de la Réforme vers 1536, quand les austères protestants d’alors n’aimaient pas qu’on rie trop fort. Un rappel qui fait sourire Jean-Claude Pradervand. «Les mœurs ont bien changé!» rassure l’ancien syndic de Grandcour.

Quant au CDM, il a aussi pris acte de l’autorisation municipale. «Les feux sont au vert pour une édition des brandons normale. Nous allons tout faire pour y arriver, sans oublier que nous sommes encore sous la menace d’un variant glaronais ou nidwaldien», plaisante Sylvain Hostettler, requinqué par ces bonnes nouvelles.

www.brandons-payerne.ch

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