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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

2 mars 2023 à 01:00

Le vent du nord colporte de frisquettes nouvelles. Jusque-là, je pensais naïvement que les troquets étaient là pour permettre à leurs clients de refaire le monde, parfois bruyamment, à l’heure du café ou de l’apéritif. Mais j’apprends qu’un restaurateur bâlois veut révolutionner le concept.

Depuis décembre, il a ouvert un estaminet dans lequel on ne parle pas, les commandes se passant en chuchotant. Il veut juste offrir un lieu de silence. Chez lui, c’est «m’sieurs, dames, on la ferme!» dès l’ouverture.

J’ai un doute quant au succès de la formule dans nos contrées. Remarquez, commander deux de blanc, l’index et le majeur formant le V de Villette, ça paraît jouable. Et si un certain acteur s’est taillé une réputation de séducteur en murmurant à l’oreille des chevaux, pourquoi ne pas tenter sa chance en chuchotant à l’oreille des serveuses? Mais pour la suite… Confronter les opinions sur les dernières décisions du Conseil fédéral en langue des signes, ça pourrait donner furieusement l’impression de brasser du vent et nuire à la densité du débat, non?

Un ami, à qui je confiais mes appréhensions sur les perspectives d’un avenir sans parole, m’a assuré que ça pouvait être drôle. Avec sa compagne, m’a-t-il conté, quand l’embrouille les amène au bout du bout de ce qu’il est supportable de se dire (et d’entendre), ils poursuivent le combat à l’ancienne, par échanges de post-it.

Un soir, dans un billet collé sur la table de nuit de son homme, elle avait écrit: «Demain matin, si je reste endormie, réveille-moi à 6 heures.»

A l’heure souhaitée, il s’est exécuté en collant à son tour un message sur la table de nuit de la belle endormie: «Il est 6 heures»…

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