L’Egratigneur

Il n’est point nécessaire de quitter la Suisse bien longtemps pour constater, au retour, que le pays est passé à côté d’une tragédie, à cause d’un… tourniquet.

On a les drames qu’on peut, mais la récente évacuation du Palais fédéral, suite à l’intrusion d’un Rambo valaisan (non élu) sous la Coupole, a hérissé le poil des mollets noueux de certains élus. On compatit.

A la minute où la présidente du Conseil des Etats, oubliée par l’alarme, bûchait avec application dans son bureau, un conseiller fédéral se battait contre un tourniquet astucieusement placé sur la voie d’évacuation des grands d’Helvétie. Vaudois, il a dû se dire que quand ça pétouille, ça pétouille.

Ça n’a l’air de rien, un tourniquet, mais ça peut cafter grave. Entrez-y en situation d’alerte, avec danse du ventre à l’appui pour faire passer les rondeurs de poignées d’amour naissantes, le système vous rappellera fort à propos que la maison nourrit bien son homme. Une évidence demeurée imperceptible, quand on emprunte habituellement la grande porte. Dans les milieux populaires, on appelle ça la reconnaissance du ventre.

Jusqu’à cette opportune alerte, les conseillers fédéraux dont on a dit qu’ils étaient passés au tourniquet, n’ont généralement pas eu le loisir de revenir turbiner à la même enseigne, dès le lendemain.

Aussi faut-il louer l’action de ce jeune Valaisan, qui a le mérite de remettre le tourniquet au milieu du village. Dans son canton, Farinet fut hissé au pinacle des héros pour avoir fabriqué de la fausse monnaie. L’intrus du palais devrait l’être aussi, pour sa fausse alerte à la bombe, qui aura tant fait pour réaménager la sécurité des lieux, en long et en large…