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Egratigneur

L’Egratigneur


Par jean-Daniel Fattebert

Par jean-Daniel Fattebert

28 mars 2019 à 01:00

A la bourre comme de coutume, elle s’est jetée au volant de sa voiture garée devant la ferme, pour rouler de bon matin, l’humeur renfrognée, sur le chemin du travail.

A la fenêtre, sa mère lui a crié quelque chose qu’elle n’a pas compris mais qu’elle connaissait pour l’avoir entendu cent fois: «Fais attention, ne roule pas trop vite et ne rentre pas trop tard ce soir!»

A la sortie du village, le syndic, occupé à réparer une clôture, lui a fait des grands signes des deux mains, auxquels elle a répondu d’un geste de connivence, à travers la vitre. Puis, c’est Francine, la factrice, qui lui a crié quelque chose, un doigt pointé vers le ciel.

C’est vrai qu’il était sans nuage, résolument bleu. Ces gens qui la saluaient plaisamment. Il y avait de quoi trouver la vie belle, lever un peu le pied pour admirer la nature qui, elle aussi, se réveillait lentement. Dans le miroir du pare-soleil, elle s’est adressé un sourire et a décidé que le printemps lui allait bien. Elle serait cool au travail et à la pause, écouterait, miséricordieuse, ses collègues évoquer des projets de vacances.

C’est béate comme le ravi de la crèche, qu’en mettant pied à terre, sur le parking du boulot, elle a vu son chat sauter du toit de la voiture. Ebouriffé par un trajet passé agrippé à l’antenne, il a disparu à grands sauts assaisonnés de miaulements réprobateurs.

Au village où il n’est plus réapparu, certains disent qu’il s’est trouvé une maîtresse peut-être moins jeune, mais qui ne passera jamais son permis de conduire.

Pour sa part, la conductrice ne croit plus forcément que les gens lui faisant de grands gestes au bord de la route, veulent juste la saluer aimablement.

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