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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

6 juin 2019 à 02:00

La bonne nouvelle vient de tomber: le nombre d’avocats, dans le canton de Vaud, a franchi la barre (sans jeu de mots) des 800 brevetés. Ils ne sont à l’évidence pas sur la liste des espèces en voie de disparition et on peut même se demander s’ils ne se reproduisent pas en captivité.

Une hausse annoncée des effets de manches qui, bien qu’ouvrant des perspectives sur la récupération de l’énergie du brassage d’air pour améliorer l’éclairage des débats, pourrait ne pas forcément réjouir nos préfets.

L’un d’eux me confiait récemment que la tâche pourrait être plus belle encore si ses administrés retrouvaient l’usage du dialogue, pour désamorcer les conflits de voisinage. Le magistrat louait même les vertus de l’apéritif du samedi matin entre voisins, comme antidote à l’épidémie de procédure virale qui marque l’époque.

Si j’en crois les réponses d’une juriste à l’interpellation d’une propriétaire de chat, fâchée que sa voisine donne à manger à son animal, le chômage n’est pas près de frapper les préfectures.

Par voie de presse, la femme de loi énumère toutes 
les facettes du crime contenu dans une poignée de croquettes. Le chat n’est pas un objet qu’on prête, il est à vous, votre voisine doit avoir votre accord pour le nourrir et il ne faut pas craindre d’envisager de se retourner contre elle, pour la rendre responsable, en cas de problème de digestion constaté chez le greffier (le chat en 
argot, pas le secrétaire du tribunal).

La juriste suggère même que la voisine en question pourrait nourrir le chat dans la sombre perspective de 
se l’approprier. En cas de plainte, elle pourrait être amendée par l’autorité. C’est-à-dire par vous, Monsieur le préfet…

Parfois remonté contre l’évolution des mœurs technologiques, là j’applaudis des deux mains. Chapeau, il fallait le faire! Comment a-t-on pu vivre jusqu’à nos jours sans le gobelet connecté, je vous le demande?

Deux jeunes chercheurs français, à peine sortis de Polytechnique à ce qu’il paraît, ont réalisé le miracle de capter en temps réel le bilan hydrique de chaque utilisateur de leur gobelet connecté. Qu’on se rassure, l’application ne serait pas destinée à améliorer l’essor logistique des opérations caves ouvertes, organisées ces jours-ci. Elle est réservée en premier lieu aux résidents des EMS qu’on retrouve régulièrement, comme chacun le sait, à moitié desséchés avec pourtant un verre d’eau à la main.

Mais que ces foutus seniors, qui ne boivent jamais assez, n’imaginent pas qu’ils pourront discrètement virer leur verre d’eau à l’évier ou dans le pot des géraniums en plastique. Un capteur, à porter en collier (tout un symbole), est conçu pour repérer l’inclinaison du geste… Avouez qu’il fallait y penser et on ne s’étonnera pas qu’avec une telle connaissance du genre humain, les jeunes chercheurs hexagonaux tentent d’exporter le fruit de leur trouvaille.

Voyez comme les temps changent! Avec le gobelet connecté, si on n’a pas assez bu, une lumière bleue 
clignotante s’allume et ça rassure la famille. Alors qu’avant, quand on avait, disons, assez bu et qu’on croisait des feux bleus clignotants, ça ne rassurait 
pas forcément la famille. C’est ça le progrès.

J’ai un souhait. Quand sera venu le vilain temps 
de sucer les pissenlits par la racine, je les voudrais connectés. Pour que ceux qui restent en surface sachent si je bois peu, assez ou trop. Santé!

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