L’Egratigneur

Après tant d’années de vie commune, la nouvelle 
m’a surpris:

- Tu vas faire comment vendredi?

- Comment, je vais faire comment?

- Avec les repas, t’as fait les courses?

- Pourquoi je ferais les courses? C’est toi qui t’en charges.

- Habituellement mais pas vendredi, je fais grève, 
slogan pour l’égalité placardé et poing levé.

- Poing levé… T’as quand même pas gagné Roland-Garros.

- Non, mais peut-être enfin le combat pour l’égalité.

- Tu me fais penser à Marcel.

- Qu’est-ce que ce macho vient faire dans la lutte pour l’égalité.

- Rappelle-toi! Un jour que sa femme lui demandait ce qu’elle devait voter sur le sujet, il lui avait répondu que si elle voulait un sexe comme le sien, il fallait voter oui.

- Même pas drôle. Et n’attends pas vendredi pour faire les courses.

- Ça, c’est moi qui décide.

- Que tu crois. Je fais aussi la grève du siège avant passagère. Le 14, je prends le volant et la voiture qui va avec. Je fais la grève de tout et plus si mésentente.

- T’as pas vu mes lunettes?

- Non, d’ailleurs je fais aussi la grève de la recherche, dans l’espoir d’obtenir l’égalité du temps passé à rechercher des trucs, dans les têtes et dans la maison.

Et dire qu’on annonce du beau pour vendredi!

Le temps idéal pour enfin ressortir le gril. Renvoyé à mon sort de mâle non assisté, je me sens l’âme d’un authentique grilétarien. Le terme est barbare, mais il est bien à nous. Il n’a pas son équivalent féminin dans le dictionnaire commercial et là, Mesdames, vous ne savez pas ce que vous perdez. Il vous reste des combats 
à mener…