L’Egratigneur

Pas besoin d’être un médium internationalement connu dans son quartier pour imaginer, vendredi 14 juin, qu’elles n’allaient pas s’arrêter là. Mais quand même…

Une cheffe vient d’être nommée à la tête de notre usine fédérale de fabrication d’armes, la télévision multiplie les interviews de femmes au destin incroyable et, à l’Abbaye de Granges, dimanche dernier, les reines ont pris le pouvoir…

Cerise sur le gâteau du changement des mœurs, j’en fus le témoin privilégié tout récemment, les blagues sexistes ont changé de camp, vite fait bien fait.

Le soleil était chaud, l’air léger en ce matin de juin où membres de la famille et notables étaient réunis, en terrasse privée, pour fêter une fringante nonagénaire. La mémoire affûtée, un air malicieux en bandoulière, elle est partie en balade sur le sentier de 
ses souvenirs de jeunesse.

A l’en croire, peu après la Deuxième Guerre mondiale, le général Guisan était venu à Ollon, donner une conférence sur ses expériences comme chef de notre armée, en temps de Mob. Il aurait révélé, c’est une femme qui le raconte, qu’une Valaisanne lui avait écrit pour se plaindre de sa situation de montagnarde, seule à la maison pour faire face aux travaux agricoles et s’occuper du ménage.

«Mon Général, aurait-elle intercédé, vous avez pris à l’armée mon homme et mon mulet. L’homme, vous pouvez le garder, mais le mulet, il manque tellement, est-il possible de me le rendre?»

J’imaginais la même anecdote, racontée par un homme, avec une femme mobilisée au cœur du point de chute…

Pourtant, ça n’a effleuré personne d’alerter le Bureau de l’égalité. On a toutes et tous ri de bon cœur. Encore joyeux anniversaire, Madame!