L’Egratigneur

En ces temps où la légende des brumes broyardes s’offre un second souffle, quoi de mieux, pour s’aérer les poumons et l’esprit, qu’une sortie en forêt, sur les hauts de Moudon? L’institutrice d’une classe de jeunes élèves avouant fièrement 6 ans sous la toise, 
a profité de l’escapade pour les familiariser avec 
l’actualité de la Saint-Nicolas.

Prudente dans son approche d’un sujet susceptible d’ébouriffer les croyances, elle a sans doute pensé bien faire, en combinant habilement la double bienveillance envers les enfants, démontrée par le saint homme et le Père Noël.

Présenté en cape rouge, barbe blanche, sur un traîneau tiré par des rennes, saint Nicolas avait de quoi séduire, mais c’était compter sans la résistance des gènes transmis par les ancêtres fribourgeois d’une élève peu portée sur la timidité.

Campée dans ses certitudes, elle a clairement 
annoncé la couleur. Pour elle, le Père Noël et Saint-Nicolas, ça fait deux et il n’y a pas à revenir là-dessus. Non mais, ça n’est quand même pas à une gamine de 6 ans qu’on va faire croire qu’en décembre, il n’y a qu’un porteur de cadeaux…

La maîtresse s’est attachée à rattraper le coup – l’actualité de Noël aidant – par un bienveillant détour sur les vertus de la fraternité. Elle a expliqué que copains comme ils sont, le Père Noël et Saint-Nicolas n’hésitent pas, quand l’occasion se présente, à se prêter parmi l’âne, les rennes, le traîneau, la houppelande rouge et la cape noire.

«Ça va, a conclu la gamine, tant qu’ils ne se prêtent pas leurs femmes!» A 6 ans, elle se prépare une belle place dans les cortèges de la revendication féministe.

Mme Nicolas et la Mère Noël peuvent préparer les banderoles!

Jean-Daniel Fattebert