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Egratigneur

L’Egratigneur


Par jean-Daniel Fattebert

Par jean-Daniel Fattebert

27 février 2020 à 01:00

Je ne me rendais pas compte à quel point ça peut être dangereux de travailler en bordure d’une chaussée villageoise, où les nouvelles circulent à peine moins vite que les tracteurs.

La météo printanière en invitée sournoise du pousse-au-crime, je me suis collé au rajeunissement de la barrière métallique extérieure. La totale, avec brosse métallique pour traquer la rouille, jusqu’à la pulvérisation de la couche finale contre les UV. On est dans la Broye quand même!

La détermination de l’aube s’autorisant quelques infidélités en fin de matinée, je comptais sur la rencontre salutaire de quelques copains, pour prétexter une pause syndicale aussi réglementaire que propice à partager un rafraîchissement.

Il faut croire que certains jours sont marqués par le destin d’opportunités toutes plus fuyantes les unes que les autres.

Ça a commencé avec Sophie*, qui devait passer vers onze heures pour donner sa fameuse recette du chou farci et qui m’a crié depuis le trottoir d’en face qu’il fallait mieux renvoyer. Elle lancera un coup de fil pour un nouveau rendez-vous, qu’elle a dit.

Passant à vélo, Eric* que je savais ouvert à déguster le 2019 fraîchement mis en cave, m’a expliqué sans s’arrêter de pédaler qu’il était sous antibiotiques ces jours.

Même les gamins descendant du bus scolaire étaient pressés. Après avoir juste marqué le pas pour jeter un coup d’œil sur mon chantier, ils se sont sauvés en courant.

Il m’a fallu jusqu’à midi pour comprendre. Alors que je me lavais les mains, la glace de l’évier m’a renvoyé mon portrait équipé du masque de protection…

J’étais la première victime broyarde du coronavirus!


* Prénoms fictifs, je ne voudrais fâcher personne.

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