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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

19 mars 2020 à 01:00

Je n’y crois qu’à moitié.

Mes certitudes s’effritent. Quand on nous recommande de faire nos courses en ligne auprès du Shop machin, pour éviter le guêpier de la pandémie, je n’y crois qu’à moitié. Avec un délai de livraison annoncé pour début avril, le virus peut passer son chemin. Si ça se trouve, la faim nous aura avant lui.

Les scientifiques eux-mêmes poussent à ce qu’on n’y croie qu’à moitié. Entre ceux qui prônent le dépistage tous azimuts et leurs confrères, fixés sur les cas suspects uniquement, on ne saurait faire confiance qu’à la moitié d’entre eux.

C’est comme avec les frontières. Personne ne peut nier qu’elles sont à moitié fermées, ou à moitié ouvertes, selon les adeptes du verre à moitié plein ou à moitié vide.

Face à la porte close de mon salon de coiffure préféré, quand mon épouse m’assure, rire ravageur et ciseaux en main, qu’elle est en mesure de régler mes appréhensions capillaires, je n’y crois qu’à moitié. Même si l’époque nous promet un confinement qui me mettrait à l’abri du regard des autres.

La semaine passée, juste avant la crise de la quarantaine (celle du coronavirus, donc), j’ai croisé au supermarché une connaissance qui m’a rappelé avec élégance combien j’appartiens au médiatique groupe à risque.

Paradant en maîtresse femme aux commandes de son caddie généreusement bourré de cornets de pâtes et de sauce tomate, elle s’apprêtait à tenir le siège du Covid-19 avec une gaillarde assurance et un bagout nullement émoussé par les circonstances.

«C’est bien toi? Tu vas rire, j’ai dû confondre avec quelqu’un d’autre, mais pas plus tard que ce matin j’ai raconté aux copines que tu étais mort!»

Moi mort? Je n’y crois qu’à moitié…

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