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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

2 avril 2020 à 02:00

Chouchoutés, dorlotés, choyés qu’on est, les vieux des champs, en cette triste époque de confinement.

Entre l’offre des enfants et petits-enfants, celle de la Jeunesse, du syndic et des villageois, proches ou lointains, de nous faire les courses, aucun espoir d’échapper à l’assignation à résidence. Une copine, gênée de refuser à l’un ce qu’elle acceptait de l’autre, m’a avoué avoir doublé presque son budget nourriture au mois de mars, par souci de ne vexer personne.

A domicile, les recommandations de la Faculté de ne surtout pas se priver d’un peu de chocolat pour soutenir le moral des troupes, ajoutées aux pèlerinages à répétition vers la boîte à biscuits, débouchent sur une courbe des dégâts collatéraux du Covid-19 furieusement escarpée. A mon sens, il serait bien de ne pas trop attendre avant de siffler la fin de la récréation.

Ou alors, cette année à Pâques, on pourra sans difficulté rouler les vieux. Il faudra juste prendre la peine de nous teindre quand même un peu, histoire de cacher sous la pelure d’oignon ou le carmin corail, ce teint blême hérité d’une quarantaine qu’on avait perdu espoir de connaître à nouveau.

Si on roule bien, on peut même imaginer faire de la compétition une discipline olympique. Après les JOJ, les JOS (les Jeux olympiques de la sagesse).

Et nos syndics, qui ces temps-ci poussent à la roue de la sécurité alimentaire de leurs anciens, verront réactualisée à leur avantage la célèbre réplique adressée par Jean Gabin à Michèle Morgan, dans le film Quai des brumes. Lorsque les spectateurs regroupés sur la ligne de départ, au sommet du talus, leur diront avec admiration: «T’as de beaux vieux, tu sais!»

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