L’Egratigneur

Quand je me rends chez ma toubib, pour un contrôle, ce n’est pas souvent, elle me dit que tout va bien. Par contre, chaque fois, elle me fait un petit dessin, vous savez, la courbe de morbidité. Ces derniers temps, on en voit des courbes. Elles ne sont pas toujours rassurantes. Ma courbe non plus. Ma doctoresse me dit que si je ne bouge pas assez et si je ne perds pas quelques kilos, mes chances d’avoir un article pour mes 90 ans dans votre journal favori s’amenuisent sérieusement.

Chaque fois que je ressors de chez elle, je me sens plus mal en point qu’à mon arrivée. Mais je courbe l’échine et je fais de la marche et du vélo, autant que je peux. Durant l’hiver, ce n’est pas trop ça. Mais cette année, je me suis commandé un vélo d’appartement. J’ai eu fin nez, car avec cette pandémie et toutes les restrictions, à coup sûr ma bedaine allait en pâtir. Sur mon fier destrier, les kilomètres défilent tous les jours, enfin presque… Je me sens en parfaite forme entre les quatre-heures et le souper. Durant mon effort journalier, j’en profite pour guigner les dernières news sur ma tablette posée sur le guidon. Tout en moulinant, je prends connaissance que les dodus ont de plus fortes chances d’attraper cette cochonnerie de virus. Et je vois arriver deux communiqués. Le premier du Bureau de prévention des accidents qui titre: «Sport à la maison: attention aux excès!» Le second courriel émane de la Suva qui dit en substance: «La Suva recommande aux personnes souhaitant pratiquer une activité physique chez elles de se montrer raisonnables. Chaque année 3000 accidents liés à la pratique d’un sport chez soi sont enregistrés».

De rage, j’ai remisé mon instrument de torture, ouvert le frigo et chopé une bonne bière réconfortante. Santé et au diable les courbes!