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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

7 mai 2020 à 02:00

Il y met tout son cœur et pourtant, à l’heure de jouer les prolongations, il confesse une pointe de lassitude.

Initiateur de l’action «courses pour les confinés» pratiquée par quelques membres de sa société de jeunesse, il raconte, non sans humour, le quotidien du coursier moyen.

Au début, se souvient-il, les quelques erreurs d’interprétation de la liste des commissions étaient vite noyées dans la vague de reconnaissance de la petite dame qui recourt à ses services. Avec le temps, les exigences sont devenues plus pointues et le dialogue à distance, sur le pas de porte, donne à peu près ça:

— Je t’ai préparé la liste, mais il faudrait y ajouter de la levure. Pas de la liquide comme celle de mardi passé, mais en cube. Si elle manque au rayon, t’as qu’à réclamer à la caisse.

— Ouais mais maintenant, quand on arrive à la caisse, on ne peut pas revenir en arrière.

— Alors, du moment que tu sors, essaye de voir à la concurrence. Ce ne sont pas les magasins qui manquent. Je me recommande: en cube. Tu verras dans la liste, j’ai noté un saucisson. Pas un trop gros s’il te plaît, j’en ai pour la semaine, pas un trop petit non plus, ça serait trop sec.

— Un moyen quoi!

— Oui, mais un moyen un peu plus petit que celui que tu m’avais ramené à Pâques. Et puis, ça m’arrange si tu peux passer à la jardinerie, m’acheter six plantons de salade. Ils ne sont pas sur la liste mais comme je t’ai mis deux géraniums retombants, qui sont en action cette semaine, tu peux faire d’une pierre deux coups.

Aux applaudissements des balcons destinés aux praticiens de la santé, un petit supplément pour les coursiers ne serait à l’évidence pas totalement injustifié…

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