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Egratigneur

L’Egratigneur


Par jean-daniel fattebert

Par jean-daniel fattebert

18 juin 2020 à 02:00

Qu’elle est roborative, cette sensation d’habiter sur un immense territoire. En quelques semaines, les acteurs du tourisme helvétique nous ont fait passer de l’air vicié du confinement à l’oxygène vivifiant des grands espaces. Du S de mars au XXL de juin, la taille de leur audace est furieusement raccord avec les effets collatéraux du Covid sur nos silhouettes.

Dans leurs slogans destinés à nous séquestrer, pour les vacances, au sein du douillet giron helvétique, la région de Romont ferait de l’ombre à la Pampa argentine, le ravin de la Dent de Cremin en imposerait au Grand Canyon et le Mont-Vully pourrait prendre de haut le Kilimandjaro.

Faut pas pousser, tout de même! Heureusement qu’il nous reste un Soleurois en marcel, pour clamer que «depuis le Moléson, on y voit ma maison», sinon on pourrait croire qu’on n’est plus chez nous.

Donnez de l’air à vos picaillons, braves gens, mais de l’air de nos collines, qu’ils nous ressassent. En parallèle, les directeurs d’aéroports qui veulent à tout prix (façon de parler) faire redémarrer la bécane, vont-ils oser nous inviter (façon de parler encore) à prendre l’avion pour un nostalgique pèlerinage au pied du Lion de Lucerne?

Comme nos voisins sont incités eux aussi à teinter leurs vacances aux couleurs nationales, ose-t-on imaginer qu’on ne nous rebattra pas les oreilles, à l’automne, avec les récits d’Allemands squattant les chaises longues au bord de la piscine, de gosses italiens indisciplinés et de Français râleurs?

Je vais finir par croire mon copain, qui pourtant n’est pas un spécialiste du marketing touristico-économique, quand il rêve d’être «seul au monde, avec un petit magasin qui marche bien»…

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