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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Jean-Daniel Fattebert

Par Jean-Daniel Fattebert

2 juillet 2020 à 02:00

On ne pourra pas dire, un jour, qu’au village les seniors sont des ingrats.

Depuis qu’un vaillant animateur des nuits zurichoises a raflé le titre de super-propagateur du Covid-19, le fameux groupe des personnes à risque a changé de camp. Ce sont désormais les 25-30 ans qui morflent.

On n’a pas hésité longtemps. A notre tour de leur faire les courses, qu’on s’est dit.

On ne lésine pas sur les moyens pour s’ambiancer en raccord avec notre mission. D’abord, on porte haut les couleurs de notre détermination, sur les T-shirts griffés par Paulette. «Aux vieux les commandes, aux jeunes l’antichambre», je peux vous dire qu’à la queue du supermarché, ça ne laisse personne indifférent.

On la tient, notre revanche. A notre tour de catapulter notre regard sournoisement réprobateur aux jeunes inconscients qui oseront faire leurs courses eux-mêmes, sans masque et sans désinfecter la poignée du caddie.

Aux manettes de son déambulateur, Paul s’est pris un de ces coups de jeune, je ne vous dis que ça. Il a un truc à lui pour faire crisser les pneus en bloquant sur les freins. Ça laisse même des traces sur le bitume. Certains disent que ce ne sont pas des traces de pneus, mais c’est juste parce qu’ils sont jaloux.

Les jeunes, vous comprendrez qu’on est donc fin prêts pour vous soulager la quarantaine. Cependant, si on veut bien vous aider, il faudra y mettre du vôtre et retrouver quelques traces du sens des mots, quand vous plancherez sur la liste des courses. Hier, le cadet à Pierrette avait noté «deux p. de bintjes». La soif au bec, il attendait ses packs de bière. Pierrot lui a ramené deux filets de patates, en s’excusant de n’avoir trouvé que des amandines…

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