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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Isabelle Kottelat

Par Isabelle Kottelat

23 juillet 2020 à 02:00

Je joue plus!

Jacques a dit: Restez chez vous! On est restés chez nous.

Jacques a dit: Lavez-vous les mains. On a transformé l’eau-de-vie en désinfectant.

Jacques a dit: Gardez vos distances! On n’a plus embrassé nos mères.

Jacques a dit: Assouplissez les distances. Nos enfants ont rembrassé nos mères.

Jacques a dit: Les masques ne servent à rien! On s’est abstenus.

Jacques a dit: Portez un masque dans les transports publics! On se cache le nez pour aller au boulot.

Jacques a dit: Mettez un masque pour entrer dans un magasin! Ah, non, en fait, Jacques a dit: Uniquement dans le canton de Vaud. Dans le Jura aussi, mais on s’en fout, c’est trop loin. Dans le canton de Vaud, donc, mais pas celui de Fribourg.

Bien. Nous prenons donc la tangente pour aller empletter quelques kilomètres plus loin côté fribourgeois, remerciant pour une fois la Broye qui change de canton à chaque village.

Jacques a dit: Amusez-vous, rassemblez-vous mais jusqu’à 1000 personnes. Ah non, attendez, dans le canton de Fribourg, on redescend à 300.

Comment continuer à jouer quand les règles changent en moins de temps qu’il ne faut pour tirer le masque du nez au menton – non, Jacques a dit qu’il ne servait à rien de le poser uniquement sur la bouche. Sur le front non plus. Encore moins à la manière d’une kippa… si si, ça s’est vu…

Et comme il voit tout et qu’il veut voir encore davantage, Jacques a dit: Installez SwissCovid sur votre téléphone, c’est bon pour la santé! Craignant d’être démasqués, certains vont jusqu’à lancer un référendum. Alors qu’il suffit de ne pas télécharger l’application. Moi, si ça continue, je vais le porter sur les yeux, le masque, pour ne plus rien voir. Ni toutes ces protections bleutées, chèrement payées, faire tache sur les espaces verts et les trottoirs.

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