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Egratigneur

L’Egratigneur


Par Philippe causse

Par Philippe causse

13 août 2020 à 02:00

J’ai souvent eu des doutes sur les progrès dus à la technologie moderne, voire un brin de nostalgie pour les bonnes vieilles recettes du passé. Ce satané virus donneur de leçons vient de faire ressurgir le cinéma des années 1950. Au XXIe siècle, on l’appelle le ciné drive-in, ou comment se faire une toile sans sortir de sa voiture. Sur le plan distanciation sociale, il n’y a pas mieux. Je me suis donc précipité sur ce retour vers le futur inespéré.

Un placier m’a indiqué où stopper mon véhicule et le film a commencé. Je me suis vite rendu compte que la perspective de rester une soirée près de la tonnelle allait, pour une fois, me poser problème. Une projection se déroulant dans l’espace, irradié par le néon d’une marque de bière bien de chez nous, même au titre ecclésiastique prestigieux, ça ne le fait pas vraiment. Après le calfeutrage de la fenêtre passager avec une couverture de survie, tout rentre dans l’ordre.

A force de grands signes, mon voisin attire alors mon attention me demandant, dans un large sourire, comment marche le son. L’explication de vitre à vitre ne fonctionnant pas, je me déplace et le buste plongé dans son habitacle je bricole sa radio. De retour dans mon siège baquet, je me rends compte que ma voiture, dite «moderne», a tout coupé pour économiser l’énergie. Alors que, sur l’écran géant, les voyageurs du futur traversent les constellations dans un discret feulement, je dois remettre les gaz pour rallumer l’électricité de mon vaisseau spécial, projetant un halo de lumière en pleine épopée spatiale. Regardant mes voisins déguster une mousse, assis sur leur capot à la pause, j’ai compris que les engins d’aujourd’hui et le cinéma de grand-papa n’étaient pas compatibles.

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