L’Egratigneur

On connaissait Les Mystères de Paris, Le mystère de la chambre jaune et L’invité mystère, mais le mystère du dentier de Lovatens, ça vient de sortir.

Colporteur de l’énigme, il raconte qu’occupé au cimetière à arroser les ancêtres (comprenez offrir la tournée hebdomadaire aux fleurs des tombes familiales), il a soudain aperçu quelques dents de la prothèse éclore entre les pierres du sentier.

Tiré de là avec délicatesse, frotté contre la toile abrasive des salopettes, il avait la rutilante allure d’un dentier de notre temps, apte à croquer la pomme et son gâteau. N’a-t-il pas eu l’idée saugrenue de proposer à son épouse, présente à ses côtés, de ramener le fruit de sa curieuse récolte à la maison? Passé dans la machine à vaisselle, il pourrait constituer une sécurité pour le jour où le destin s’acharnerait sur les «sans dents», comme qualifiait avec délicatesse les braves gens de son peuple, un ancien président français.

D’autant plus que la prothèse dentaire, si elle aussi peut rendre le sourire à l’agriculteur, ne figure encore pas à l’inventaire des accessoires propres à bénéficier des paiements directs.

Sa moitié n’a pas fait dans la demi-mesure pour lui dire tout le bien qu’elle pensait de sa proposition. «Si tu ramènes ce dentier à la maison, je quitte le domicile conjugal sur-le-champ!» Voilà qui avait le mérite de la clarté. Il a donc sagement déposé l’objet à la place où il l’avait trouvé.

Mais le mystère demeure. A qui appartient le dentier du cimetière de Lovatens? Nous vous le révélerons peut-être, en saison 2.

En tout cas, si son propriétaire s’est inspiré du J’irai cracher sur vos tombes de Boris Vian, il aurait dû le faire en serrant les dents.