L’Egratigneur

Ça n’est rien de le dire, mais le débat autour de la loi sur la chasse ne pousse pas à la réconciliation entre ceux qui la pratiquent et les autres, rêvant de les inscrire sur la liste des espèces en voie d’extinction. Embusqué dans l’attente de voir passer l’argument qui fait mouche, le citoyen à l’affût entend ces jours-ci siffler les balles de répliques assassines, sur l’utilité ou non de la chasse.

La chasse je ne sais pas, mais pour les chasseurs, je peux témoigner qu’ils m’ont été utiles. Le jour où, soucieux de redorer leur image, ils m’avaient invité à les accompagner sur le terrain de la guerre aux préjugés. Et aussi à m’imprégner de l’atmosphère d’une journée de chasse entre robustes amis.

Je me souviens, j’étais rentré bien imprégné. D’une multitude d’images bucoliques.

Il y avait cette légère brume s’étirant paresseusement sur les rives du vallon. Cette lumière fraîche de premier matin du monde.

«Tout ça, tu raconteras», qu’ils n’arrêtaient pas de me dire.

Et puis il y eut le dîner, les cornettes et le ragoût réchauffés sur le feu. Ils ont trinqué à l’amitié, au souvenir de chasses passées et de bonheurs partagés. Il y avait de quoi faire…

L’après-midi, face au refus des chevreuils de se laisser débusquer, l’un des chasseurs a insisté pour mettre enfin en piste sa chienne au flair assuré, privée de chasse jusque-là.

A peine lâchée, elle est partie à fond droit devant elle, suivie comme son ombre par la cohorte de ses compères haletants. La meute a fait ainsi le tour de la forêt, pour revenir sur son point de départ. La chienne avait juste ses chaleurs…

«Tout ça, tu ne raconteras pas», qu’ils n’arrêtaient pas de me dire.

Alors, quoi?